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Le retour en grâce de… la ballerine 

Publié le 6 mai 2024 à 07h36

Audrey Hepburn dans le rôle de Jo Stockton dans Drole de Frimousse de Stanley Donen
Audrey Hepburn dans le rôle de Jo Stockton dans Drole de Frimousse de Stanley Donen

Un peu comme la mauvaise haleine, les parfums trop fleuris, ou pire encore, les mèches de toutes les couleurs… Il n’y a pas si longtemps, porter une paire de ballerines en dehors d’un studio de danse était considéré comme un affront au bon goût. Et puis, comme toujours dans la mode, après une décennie à traîner au fond de nos placards, les ballerines reviennent sous les feux des projecteurs. Mais quelle est la véritable histoire de cette chaussure clivante et quelles pièces choisir pour éblouir le macadam ce printemps ? On vous dit tout. 

Avant de porter des habits, l’Homme s’est chaussé pour se protéger les pieds du contact douloureux avec le sol. Il les enveloppe d’une peau de bête et casse des bouts d’écorce ou de bois pour confectionner des sortes de semelles. L'ancêtre de la ballerine qui n’en porte pas encore le nom, apparaît bien plus tard, au XVIe siècle et est porté tant par les hommes que par les femmes. Délaissé au XVIIe et XVIIIe siècles par les nobles, les bourgeois et les membres du clergé qui préfèrent allonger leur silhouette avec des bottines à talons ou avec des escarpins, le plat revient en force après que Marie-Antoinette a perdu un soulier haut au moment de sa décapitation, le 16 octobre 1793. Mais pour trouver la première occurrence du terme, il faudra encore attendre plus d’un siècle. C’est en 1932 que le chausseur Jacob Bloch crée à Sydney un atelier de confection de danse retravaillé pour la rue, qu’il nomme “ballerine” donnant le nom à cette chaussure.  

Quelques années plus tard en France, Rose Repetto, à la demande de son fils le jeune danseur Roland Petit qui se plaint de douleurs permanentes aux pieds, invente la technique du cousu retourné qui consiste à coudre la semelle à l’envers avant de la retourner, pour plus de confort au quotidien. C’est un succès. Brigitte Bardot qui est danseuse de formation et qui en porte régulièrement, commande à la couturière un nouveau modèle qui crée pour elle les ballerines Cendrillon. L’actrice y glisse ses pieds dans le film Et Dieu créa la femme, changeant à jamais la destinée de ces chaussons qui deviennent un classique du vestiaire féminin. D’Audrey Hepburn à la princesse Diana, en passant par Jackie Kennedy, la ballerine célèbre la féminité et la grâce de celles qui les portent. 

Le ballet core ou la nostalgie de l’esthétique danseuse classique

Si depuis, la ballerine a été déclinée dans toutes les couleurs, on se souvient du modèle bicolore de Chanel, des imprimés léopard de Repetto et dans toutes les matières, en serpent chez Alaïa, en cuir verni chez Repetto ou cloutées chez Louboutin, elles tombent en disgrâce dans les années 2010. Jugées trop classiques, vieillottes et peu flatteuses pour la silhouette féminine, un événement Facebook créé en 2016 qui milite pour l’interdiction de cette chaussure dans l’espace public… rassemble près de 40 000 inscrits. Le message posté sur la page en question est clair : « Le 14 juillet est un jour d'union nationale, profitons-en pour nous unir contre le fléau de ce siècle qui hante nos vies, le port de ballerines ! » 

Pourquoi tant de haine ? La mode qui aime jeter des pièces en pâture pour mieux les ressortir quelques années plus tard, montre une fois encore que tout le drame autour des ballerines n’avait pas vraiment lieu d’être : de Miu Miu, Givenchy, Loewe, à Marni et Chanel, elles ont investi les podiums et sont de nouveau l’objet de toutes les attentions. 

Les cinq paires de ballerines qu’il vous faut : 

1. La ballerine à bride 

À mi-chemin entre la ballerine classique et la paire de babies, la ballerine à bride sur l’avant est la chouchoute des modeuses. Pour l’accorder avec la plupart de vos looks, optez pour un modèle assez neutre, noir, vieux rose, gris ou bleu marine. En revanche, si vous voulez vous démarquer, vous pouvez choisir une paire satinée ou mieux encore, vernie. Le comble du chic : porter des ballerines à brides avec des chaussettes montantes. Parce que vous ne savez peut-être pas encore, mais cette année, les bas reviennent et ils sont plus visibles que jamais ! 

2. La ballerine à ruban

Vous ne maîtrisez pas les cinq positions de danse classique, mais vous enviez la grâce des rats de l’opéra ? À défaut de vous imposer la routine des danseuses, vous pouvez toujours faire illusion en vous tenant droite (oui, le port altier fait toujours beaucoup d’effet) et en portant une paire de ballerines à rubans que vous enroulez jusqu’en haut de vos chevilles. Pour rester dans la tradition, optez pour une couleur assez neutre. 

3. La ballerine à boucle

Créées dans les années 1950 par le styliste Roger Vivier, les ballerines avec une boucle à l’avant ressemblent à s’y méprendre à des petits bijoux de pied. En cuir, en tissu, ou en acier, les boucles se déclinent dans différents formats et matières. Si vous voulez aller au bout de la tendance, on vous conseille de choisir un modèle pointu comme chez Manolo Blahnik ou carré. 

4. La ballerine en forme d’amande 

Avez-vous déjà entendu parlé du quiet luxury ? Il s’agit d’un phénomène de mode luxe qui célèbre la sobriété et les belles matières. Vous vous demandez l’intérêt d’acheter des vêtements très chers qui n’en ont pas l’air ? Se lover dans des pulls en cachemire moelleux et prendre du plaisir à sentir la soie glisser sur ses jambes. Shiv’ dans la série Succession en est une de ses meilleures ambassadrices. Eh bien, la ballerine amande est une pièce phare de ce dressing minimaliste. Avec sa forme légèrement pointue, c’est un peu la chaussure qui vous donnera de l’allure, sans tomber dans l’ostentatoire. Bien sûr, pour que l’illusion soit parfaite, on évite les couleurs criardes et on se rue sur une paire de ballerines amande beige crème ou, attention punk, couleur caramel. 

5. La ballerine en résille 

La ballerine en résille a l’audace de rassembler deux pièces bannies de notre dressing pendant plus d’une décennie. Oui, on se souvient tous des photos des aficionados de la tecktonik au début des années 2000, qui enfilaient des chaussettes en résille rose fluo sur les bras. Cette année, la ballerine en résille se fait plus discrète dans des couleurs neutres pour faire de nos pieds un atout de séduction. Attention tout de même : pensez à vous faire une belle manucure avant de les enfiler pour éviter le côté négligé. Du chic au mauvais goût, il n’y a souvent qu’un pas. 

Autrice : Romane G

Crédit Photo : Paramount Pictures

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