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C’est quoi le « cosmolocalisme », cette nouvelle philosophie de partage des savoirs ?
Publié le 16 février 2023 à 23h00

Wikipédia, le Fairphone ou Internet sont tous les résultats du cosmolocalisme car ils sont disponibles et exploitables par tous et misent sur la collaboration globale pour évoluer, selon cette nouvelle philosophie tech en vogue. Décryptage d’un mouvement éthique et responsable.
Dépendre d’un système fermé dépendant de brevets bien ficelés : non merci. Le cosmolocalisme est une approche d'innovation sociale du développement communautaire qui cherche à relier les communautés locales et mondiales par des infrastructures résilientes. En somme : rapprocher la production et la consommation en s'appuyant sur des systèmes distribués. C’est notamment l’idée maîtresse des Fablabs, ces tiers-lieux où l’on crée des objets ou logiciels ensemble, mais aussi des logiciels open source ou des communautés de type DAO.
Comprendre le cosmolocalisme
Ce mouvement défend les conceptions d'origine mondiale (un partage des savoirs) pour le développement de l’activité locale : la propriété des moyens de production des produits et services de base peut changer le paradigme économique, rendre les villes autosuffisantes et aider la planète. L’objectif du cosmolocalisme est donc de créer des liens entre communautés pour partager les connaissances et améliorer nos vies. Il n’est donc pas étonnant de voir que les acteurs de cette approche s’appuient sur la notion même de « cosmopolitisme » selon laquelle tous les êtres humains sont des citoyens d'une seule et même communauté.
Les chercheurs Vasilis Kostakis et José Ramos expliquaient le concept en 2017 dans le média The Conversation : « Cette idée provient en partie du discours sur le cosmopolitisme, qui affirme que chacun d'entre nous a un statut moral égal, même si les nations traitent les gens différemment. Le système économique dominant traite les ressources physiques comme si elles étaient infinies, puis enferme les ressources intellectuelles comme si elles étaient finies. Or, la réalité est tout autre. Nous vivons dans un monde où les ressources physiques sont limitées, tandis que les ressources non matérielles sont reproductibles numériquement et peuvent donc être partagées à un coût très faible. »
Allant à l’encontre de la propriété intellectuelle et des brevets protégés par des armées d’avocats, il repose sur le principe éthique selon lequel les personnes et les communautés devraient être universellement dotées du patrimoine de l'ingéniosité humaine. Celui-ci leur permet de créer des moyens de subsistance et de résoudre des problèmes plus efficacement dans leur environnement local. Réciproquement, la production et l'innovation locales devraient favoriser le bien-être de nos biens communs planétaires. Le savoir devrait être universel, gratuit et accessible afin qu’il bénéficie à tout l’écosystème.
Dans une logique cosmolocaliste, on pourrait imaginer par exemple que le vaccin contre le coronavirus aurait pu être un effort commun plutôt qu’une course aux industries pharmaceutiques. Les formules, doses, améliorations auraient pu être mises en commun afin d’être distribuées de façon globale. Si ce modèle paraît quelque peu utopique, il laisse présager un nouveau mouvement post-capitaliste poussé par les ressources de la technologie et de ses avancées.
Pour aller plus loin

Pour mieux comprendre les enjeux du cosmolocalisme, la rédaction de L'avenir a du bon vous conseille la lecture de l'essai « Où atterrir ? Comment s'orienter en politique » du sociologue Bruno Latour aux éditions de la Découverte.
Autrice : Carla P
Crédit Photo : Dilok Klaisataporn