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Des cales sèches aux chambres d’ado : la belle histoire du modélisme
Publié le 19 septembre 2025 à 06h27

Le modélisme a traversé les siècles en rétrécissant le monde pour mieux le rêver. Et si cette discipline racontait, en petit, une histoire beaucoup plus grande ?
Des bateaux réduits à l’échelle pour tester leur résistance aux vagues… aux figurines Warhammer peintes au pinceau fin dans une chambre d’ado, le modélisme a fait un sacré bout de chemin. Né dans les bureaux d’ingénieurs navals, il s’est mué en passion planétaire, fédérant des communautés aussi variées que précises.
Un hobby d’ingé naval
Avant d’être une affaire d’amateurs minutieux, le modélisme naît dans les mains de professionnels. Au XVIIIᵉ siècle déjà, les arsenaux de Rochefort ou de Portsmouth fabriquent des maquettes de navires pour tester leur équilibre et leur résistance aux vagues. Ces modèles réduits, construits avec la même précision que les vrais, servaient autant aux calculs qu’à la démonstration : ils étaient présentés aux amirautés et aux investisseurs pour prouver la solidité des projets. Aujourd’hui, on en retrouve encore dans les musées, témoins d’une époque où réduire le réel était une étape indispensable pour mieux le dompter.
Puis, au tournant du XXᵉ siècle, le modélisme commence à sortir des cales sèches. Les trains miniatures, mis en avant par des compagnies comme Märklin en Allemagne dès 1891, séduisent vite les amateurs éclairés. Les ingénieurs ferroviaires s’en servent pour promouvoir leurs réseaux, mais très vite, des passionnés transforment ces modèles en véritables terrains de jeu. Dans leur sillage, les avions réduits suivent le mouvement : dès les années 1910, les passionnés d’aviation fabriquent des biplans miniatures, puis des modèles motorisés capables de voler. C’est là que le modélisme bascule : d’outil technique, il devient passion populaire.
Une culture miniature qui s’agrandit
À partir des années 1950, le modélisme explose donc dans les foyers. Les kits en plastique Revell ou Airfix se vendent par millions, promettant à chacun de construire son Spitfire ou son Titanic miniature. Les circuits électriques s’invitent dans les salons, et les collectionneurs de locomotives créent des réseaux plus vrais que nature, avec gares, tunnels et paysages entiers. Le modélisme devient alors une culture à part entière, où patience et précision comptent autant que le plaisir de partager sa passion.
Puis viennent les années 1980 et un nouveau raz-de-marée : Warhammer. Créé par Games Workshop au Royaume-Uni en 1983, ce jeu de figurines mêle peinture minutieuse, imagination débridée et stratégie sur table. Chaque figurine demande des heures de travail au pinceau, mais ce n’est pas qu’une question de technique : peindre son armée, c’est se l’approprier, la faire exister dans un univers commun. Warhammer a fait basculer le modélisme dans une nouvelle ère : celle des communautés de joueurs et de peintres, aujourd’hui encore extrêmement actives, qu’il s’agisse de clubs locaux ou de forums mondiaux.
Ce qui frappe dans toutes ces pratiques, c’est la même obstination : recréer le monde, ou inventer un autre, à une échelle réduite. Du navire de guerre au gobelin de poche, le modélisme raconte une histoire de patience, de passion et de transmission.
Auteur : Marin TDM
Crédit photo : Aksonov / iStock