Autrefois relégué aux dimanches pluvieux ou aux tournois d’experts, le jeu d’échecs connaît un retour fulgurant. Depuis quelques années, une armée de jeunes joueurs s’empare du plateau. Un phénomène visible autant sur les réseaux que dans la vraie vie : sur Twitch, des milliers de spectateurs suivent des tournois en direct, tandis que sur TikTok, les ouvertures se transforment en memes. Et dans les clubs, les inscriptions explosent.

Echecs et hype

Mais comment un jeu vieux de 1 500 ans attire autant de nouveaux adeptes ? D’abord grâce au web : la pandémie a propulsé les plateformes comme Chess.com ou Lichess, où des millions de joueurs s’affrontent chaque jour. Puis Netflix a enfoncé le clou avec Le Jeu de la dame, qui a fait (re)découvrir à toute une génération l’élégance des parties endiablées. Résultat : des compétitions retransmises en ligne attirent désormais des milliers de spectateurs. Et le mouvement ne s’arrête pas là : de nombreuses célébrités s’y mettent. Victor Wembanyama ou le footballeur Eze d’Arsenal partagent leurs victoires sur l’échiquier, pendant que la chanteuse PinkPantheress remporte des tournois de haut niveau. Autant de figures qui donnent aux échecs un nouveau vernis cool, loin du cliché du joueur en pull qui cogite dans un silence studieux.

Pour la Gen Z, les échecs sont le mix parfait entre stratégie, compétition et culture internet. On y retrouve l’adrénaline du jeu vidéo et la gratification immédiate d’un bon coup joué. Et ce n’est pas que sur internet que ça se passe. En septembre 2025, la Fédération Française des Échecs (FFE) a enregistré un nombre record de licenciés, atteignant 81 781 membres, dont plus de 55 000 joueurs de moins de 20 ans.

À chaque échiquier son histoire

On parle beaucoup des échecs en ligne jusqu’ici, mais les joueurs n’ont pas attendu Internet pour être créatifs. Il suffit de regarder l’évolution des sets et des plateaux pour voir à quel point l’imagination des pousseurs de bois s’exprime aussi dans l’objet. Sur les sites de revente, les classiques échiquiers en bois côtoient des versions bien plus originales, avec des pièces remplacées par des petits soldats, des poupées russes ou… des doigts moulés. D’autres jouent avec des salières et poivrières, transforment des boulons en cavaliers, ou font même pousser des pièces-plantes en pots pour créer leur échiquier de jardin. Derrière chaque partie se cache une histoire d’objets et de détournements, qui montre à quel point le jeu ne se réduit pas à un écran ou à un code.

S’il est le terrain de jeu d’une nouvelle génération de joueurs, le plateau d’échecs reste un formidable espace de créativité, de réflexion et de détournement. Alors sur un écran ou sur un plateau bricolé, à chacun de jouer son coup.

Auteur : Marin TDM

Crédit photo : desifoto / iStock