# Économie
A la bibliothèque d’objets, on s’organise pour moins acheter
Publié le 18 mai 2022 à 22h00
Des skis, une tondeuse, un grille-pain ou une perceuse. Dans cette bibliothèque d’un genre particulier, installée dans un ancien centre de santé de la ville de Montreuil, on peut tout (ou presque) emprunter. Avec l’idée de mutualiser les ressources, éviter de dépenser pour des choses que l’on utilise peu, et créer un espace de convivialité. Reportage.
Rires d’enfants et piles rechargeables
La statistique est connue : le temps d’utilisation moyen d’une perceuse, tout au long de sa durée de vie, serait de douze minutes à peine. Douze petites minutes, pour un objet à plusieurs dizaines d’euros. Et le reste du temps ? Au placard.
Et si, au lieu d’acheter, on partageait un peu plus ? C’est de ce simple constat qu’est né le concept de bibliothèque d’objet, qui se développe un peu partout en Europe et aux Etats-Unis ces dernières années. Celle de Montreuil, créée par l’association l’Observatoire du Partage, vient tout juste, au début du mois d’avril, d’ouvrir ses portes après deux ans de gestation et de préparatifs.
Rue Girard, à deux pas du métro Croix de Chavaux, on entre par une petite porte pour être accueilli par des cris et des rires d’enfants. “Ce n’est pas tous les jours, mais on a un atelier réemploi d’objets avec des enfants aujourd’hui”, glisse en nous accueillant Charlotte, 25 ans, salariée de l’association. Le hall annonce la couleur et la philosophie des lieux : un grand panneau, nommé la Regenbox, bidouillé par l’asso Atelier 21, permet aux visiteurs de la BOM (le petit surnom de la bibliothèque) de venir recharger leurs piles supposément non rechargeables.
Bonjour, je vais emprunter le massage Shiatsu, s’il vous plaît
Ici, tout est dédié au réemploi, à la réparation, à la conception fait main. Charlotte nous fait visiter le rez-de-chaussée : on y trouve plusieurs grandes salles dédiées aux emprunts. Décolleuse à papier, tondeuse, un luth ou des objets de cuisine en tous genres. “Pour le moment, on a récupéré 300 objets, principalement grâce à des dons. L’objectif est d'en avoir 3000 dans les trois prochaines années”, explique-t-elle.
Pour s’inscrire, pas de carte, mais un simple nom et des frais allant entre 1 et 10 euros en fonction des moyens de chacun. Ensuite, l’emprunt dure généralement une semaine et les prix varient en fonction du prix initial de l’objet : gratuit, à 5 euros, 10 euros ou 50 euros pour ceux valant plus d’un millier d’euros dans le commerce. Les objets les plus empruntés ? La perceuse, la ponceuse et l’appareil de massage Shiatsu pour la nuque. Parce qu’il faut savoir se faire plaisir.
Ateliers en tous genres
Dans ce grand bâtiment historique de 600 m2, la BOM ne propose pas que d’emprunter des objets, mais aussi tout un panel d’activités. “On a des ateliers de co-réparation, où les habitants sont accompagnés pour réparer leurs objets (...). Il y a aussi des ateliers bois les mercredi et samedi. Ensuite, on a toute une programmation avec des ateliers éphémères. Ce samedi, c’est couture avec un atelier pour créer sa banane”, liste Charlotte.
Faire un objet de déco à partir de plastique recyclé, des instruments de musique à partir de matériaux de récup ou créer des petits sac à partir de vêtements usés, comme le font les joyeux enfants lors de notre visite : nombre d’activités sont prévues à la BOM, qui compte aussi accueillir des conférences et échanges sur les thématiques chères à l’association. Montreuillois et habitants d’Ile-de-France, courrez y faire un tour pour un massage Shiatsu ou plus simplement pour partager un moment de qualité.
BOM, Bibliothèque d'Objets de Montreuil
Auteur : Benjamin B
Crédit Photo : Benjamin B pour L'avenir a du bon