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Comment les animaux sont devenus nos meilleurs thérapeutes

Publié le 1 mai 2023 à 22h00

Thérapeute présentant un chien à une patiente
Thérapeute présentant un chien à une patiente

Il paraît que le chien est le meilleur ami de l’homme. Un meilleur ami qui commence à se faire une place dans le monde du travail en tant que médiateur thérapeutique. Même si la pratique n’est pas encore légitimée, la médiation animale a bon espoir de révolutionner certains métiers.

De la Préhistoire à nos jours, les animaux ont toujours fait partie du quotidien de l’Homme. Pour l’aider dans les tâches quotidiennes ou tout simplement pour avoir une compagnie. Depuis quelques années maintenant, leurs pouvoirs sont mis à disposition pour soigner et accompagner des personnes souvent de nature réservée. C’est ce qu’on appelle la médiation animale.

Terme générique assez récent (2005), la médiation animale regroupe toutes sortes d’interventions assistées par l’animal (I.A.A) dont la thérapie (T.A.A), l’éducation (E.A.A) et les activités assistées par l’animal (A.A.A). La médiation animale est basée sur une relation triangulaire : l’animal est le médiateur entre la personne fragile, qui va bénéficier de l’intervention, et la personne intervenante, qui sera un thérapeute, un éducateur ou un visiteur.

Une technique presque ancestrale

Bien que le terme soit récent, la médiation animale n’est pas nouvelle. Laurence Paoli, autrice de Quand les animaux nous font du bien (Buchet Chastel, 2022), explique que des écrits du XVIIIe siècle montrent déjà les bienfaits des animaux sur les patients d’une institution psychiatrique. Cependant, il faudra attendre quelques siècles avant que les observations du psychologue américain Boris Levinson ne fassent bouger les lignes. En effet, dans les années 1960, le pédopsychiatre reçoit un patient habituellement réservé qui se lie immédiatement avec son chien et s’ouvre alors aux séances. C’est ce lien, cette médiation spontanée, qui a permis à Levinson de théoriser pour la première fois la zoothérapie et, surtout, de travailler avec l’enfant.

Dans les années 1980, certains cliniciens, kinésithérapeutes et autres ergothérapeutes commencent à observer les effets des animaux sur les patients lors des séances médicales. « La médiation animale est montée progressivement, d’une façon déstructurée avec d’un côté des instituts et des fondations qui faisaient des recherches et des études afin de démontrer qu’être en contact avec des animaux de compagnie faisaient du bien et de l’autre côté, des cliniciens qui faisaient un peu officieusement des essais avec leurs animaux dans des hôpitaux ou des établissements médico-sociaux », souligne Laurence Paoli.

Que dit la science ?

Aujourd’hui, bien que les bienfaits de la médiation animale sont encore complexes à démontrer scientifiquement, l'intérêt émotionnel d'un animal de compagnie n'est plus à prouver. « C’est pourquoi je recommande aux personnes qui veulent monter, au sein d'une institution, leur projet de médiation animale d’amener de la littérature scientifique qui montre les bénéfices de la présence des animaux de compagnie », explique Laurence Paoli.

Mais alors, pourquoi les animaux nous font-ils du bien ? « Parce qu’ils nous offrent une présence affective, non jugeante, parfois même empathique et avec des codes de communication beaucoup plus simples », continue l’autrice. De plus, l’aspect charnel est, pour Laurence Paoli, très important. Lorsqu’une personne est en souffrance – que ce soit physique ou mentale – celle-ci va être dans sa marée noire et ne penser qu’à ça lors d’une consultation. Cependant, un animal va venir charnellement bousculer ce comportement et, avec le toucher, la personne va avoir un réconfort immédiat qui va le réancrer dans le corps et faire baisser son anxiété.

« Des kinés m’ont raconté qu’ils utilisaient un chien pour pouvoir faire faire des exercices à leurs patients qui, spontanément, n’avaient pas envie de les faire, souffraient, râlaient. Cependant, lorsqu’on leur donnait un animal à brosser, enjamber ou, tout simplement, à promener, ils le faisaient avec grand plaisir. Les patients ne semblaient même pas remarquer l’exercice.  A l’inverse, ils passaient ainsi de personne assistée à personne assistante changeant la projection qu’elles ont d’elles-mêmes », souligne Laurence Paoli. 

Quel avenir pour la médiation animale ?

Cependant, si la France reconnaît les bienfaits des animaux sur notre santé et notre comportement, le travail des animaux reste toutefois négligé dans la loi. En effet, cela ne fait que quelques mois que le chien d’assistance judiciaire est reconnu. Cette reconnaissance, on la doit au garde des Sceaux qui, en décembre 2022, a demandé la généralisation de ceux-ci sur le territoire avec un chien par département. Une décision que Laurence Paoli ne trouve pas suffisante, du moins en nombre, mais qui reste « un premier pas important qui reconnaît l’existence de l’assistance judiciaire et son utilité ». Néanmoins, l’autrice précise qu'un groupe parlementaire travaille sur la reconnaissance du statut de chien d’assistance judiciaire dans le code pénal. Un statut qui, selon Laurence Paoli, devrait arriver assez vite grâce à la décision du garde des Sceaux. Une première dans la reconnaissance du statut d’animal médiateur qui pourrait mener à la légalisation de la médiation animale.

Une aubaine pour les établissements comme l’Ehpad Les Embruns à Paimpol, qui a accueilli un poney le temps d’une journée, rendant le sourire aux habitants. Cette intervention a été pleine de surprise puisqu’une des résidentes, alors qu’elle ne le voulait pas le matin même, s’est levée de son fauteuil pour aller caresser l’équidé. De même, à Dinan, une jeune chienne a intégré l’équipe pédagogique permettant aux enfants de la classe Ulis de mieux se concentrer. Toutefois, Laurence Paoli tient à préciser que ces initiatives, bien qu’elles soient encourageantes, doivent être encadrées par des professionnels qui connaissent le comportement des animaux afin qu’ils s’assurent du bien-être de l’animal et, par extension, puissent garantir un meilleur traitement de la médiation.

Autrice : Flavie R

Crédit Photo : Capuski

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