# Économie

Des céréales pour s’adapter au réchauffement climatique 

Publié le 18 avril 2024 à 13h54

Différents types de céréales
Différents types de céréales

Résistantes à la sécheresse, des céréales comme le sorgho pourraient trouver leur place dans nos champs et dans nos assiettes. Si quelques agriculteurs ont déjà pris ce pari, experts et scientifiques espèrent qu’une filiale se constituera dans les années à venir. Car il s’agit là d’une piste véritablement intéressante pour participer à rendre l’agriculture plus durable. 

Se transformer pour mieux s’adapter. Pour l’agriculture, c’est le maître-mot. Confronté au double défi de répondre à la fois aux enjeux de souveraineté alimentaire et aux impératifs de préservation de l’environnement, le secteur est au cœur d'enjeux essentiels. Parmi ceux-ci : la question de la gestion de la ressource en eau. Face à un régime de précipitations incluant des sécheresses plus fréquentes et plus intenses, particulièrement en été, les agriculteurs sont à la recherche de solutions. Bonne nouvelle, elles ne manquent pas ! 

Parmi celles-ci, l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) évoque notamment l’optimisation de l’irrigation, par exemple via un système de goutte-à-goutte mais aussi les plantations de haie qui permettent de limiter l’érosion du sol ou encore le rôle de la recherche. Il est en effet primordial de développer des variétés résistantes à la sécheresse. Autre solution unanimement reconnue par les experts : la diversification des cultures ! Et il ne s’agit pas simplement de mélanger les espèces mais aussi de favoriser de nouvelles cultures moins gourmandes en eau.

Un rôle à jouer dans la diversification des cultures

“Nouvelles”, ces cultures ne le sont pourtant pas vraiment. Le plus souvent, elles sont même connues depuis des millénaires. C’est le cas du sorgho. Relativement méconnu des consommateurs en France, il s’agit pourtant de la cinquième céréale la plus cultivée dans le monde, après le maïs, le riz, le blé et l’orge. Originaire de la Corne de l’Afrique, le sorgho présente de nombreux atouts. Par rapport au maïs, réputé gros consommateur d’eau en raison de ses importants besoins hydriques estivaux, le sorgho est à la fois plus résistant aux fortes températures et moins sensible à la sécheresse. Plus rustique, il est aussi moins cher à produire pour les agriculteurs. Et moins néfaste pour l’environnement puisqu’il nécessite moins de recourir à des engrais et à des pesticides. 

S’il n’est pas appelé à remplacer totalement le maïs, le sorgho peut jouer un rôle dans la diversification des cultures et permettre de faire baisser la pression sur la ressource en eau dans les régions les plus exposées à la récurrence des sécheresses dans le sud de la France. L’important étant, selon les experts et les scientifiques, qu’une véritable filière de valorisation puisse se constituer pour l’alimentation humaine. 

Un véritable intérêt nutritionnel 

Pour l’heure, en France, le sorgho, qui représentait environ 0,7 % de la surface agricole nationale consacrée aux grandes cultures en 2021 selon des données rapportées par Le Monde, est en effet quasi intégralement cultivé pour nourrir le bétail. Le sorgho, qui s’utilise en grain, en semoule ou en farine, peut pourtant avoir de nombreux usages pour l’alimentation : sans gluten, il peut être utilisé pour faire du pain, des biscuits, des pâtes voire de la bière. Dans de nombreux pays africains et asiatiques, où il constitue un aliment de base, il est ainsi fréquemment utilisé en bouillies, couscous et galettes. En Chine, le Kaoliang Jiu, alcool à base de sorgho, constitue même un spiritueux réputé. 

De manière générale, les céréales issues de la famille des poacées et connues sous l’appellation de “mils”, et à laquelle appartiennent le sorgho (aussi appelé “gros mil”) mais aussi le millet ou le fonio, font figure de candidates idéales à une culture en France et en Europe dans le contexte d’un avenir plus chaud. Adaptée aux conditions extrêmes, cette famille de céréales présente également un véritable intérêt nutritionnel. Faciles à digérer et riches en protéines, elles ont aussi l’avantage d’être parfaitement adaptées aux régimes sans gluten. Mieux encore : selon plusieurs études, elles participeraient à réduire le risque de développer un diabète de type 2. Il fait ainsi peu de doute qu’en intégrant à notre alimentation ces céréales plus écologiques, plus économes en eau et dotées d’un intérêt nutritionnel prouvé, l’avenir aura certainement du bon ! 

Auteur : Pierre D

Crédit Photo : Shaiith/iStock

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