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E-commerce et développement durable : comment passer à la vitesse supérieure ?

Publié le 24 septembre 2023 à 22h00

Carton d'emballage commerce 0 déchet
Carton d'emballage commerce 0 déchet

Le développement de son e-commerce vers des pratiques plus circulaires peut être une opportunité pour les retailers et une manière de répondre aux demandes des consommateurs. Comment se lancer ? 

Alors que le montant historique de 130 milliards d’euros de chiffre d'affaires en France a été atteint en 2021, selon la Fevad, beaucoup s’interrogent sur l’impact écologique du e-commerce. Avalanche de colis, retours en pagaille, multiplication des entrepôts de stockage : une démarche d’économie circulaire et de responsabilité environnementale est-elle vraiment compatible avec un commerce en ligne ? 

Sans aucun doute – mais avec une certaine dose de réflexion et d’anticipation. L’e-commerce peut devenir un levier majeur d’une économie plus circulaire, tout en attirant des consommateurs plus soucieux de leur impact et en offrant à l’entreprise de nouvelles perspectives. Comment faire passer son e-business à une nouvelle étape de son développement (durable) ? Explications. 

Des Français toujours plus sensibles à la consommation responsable 

Passer d’une société du tout jetable à un modèle économique durable, encadrant la consommation et limitant le gaspillage des ressources : c’est le principe de l’économie circulaire, fondamentale au développement durable – et c’est aussi l’une des grandes aspirations des consommateurs français. 

Selon une étude de KPMG et de la Fevad, la fédération du e-commerce, 72 % des Français se disent engagés dans une démarche de consommation responsable. Dans le même temps, selon le rapport annuel de la Fevad 2022, « les attentes en termes de RSE ne cessent de progresser. Une grande majorité des acheteurs est attentive aux actions des enseignes en la matière ». En un mot, les acheteurs sont de plus en plus attentifs aux pratiques des entreprises en matière de production éthique et mettent désormais les éléments environnementaux dans la balance de leur processus de décision. 

Une logique d’engagement qui ne doit pas échapper aux retailers : l’argument écologique a un poids certain pour convaincre les consommateurs. Mais il n’est pas le seul. 

Le re-commerce, un élément clé pour les retailers

En effet, le prix d’achat, notamment en période d’inflation, reste l’élément déterminant majoritaire pour nombre de consommateurs. C’est notamment vrai pour la Gen Z, qui privilégie à 75 % les sites Internet proposant des prix attractifs, selon une étude Odoxa pour la Fevad. « Comme on est sur une population qui a un pouvoir d’achat moins fort, il faut pouvoir faire en sorte que le comportement écologique permette aussi de conserver un pouvoir d’achat correct », explique Céline Bracq, directrice général d’Odoxa, au magazine Fashion Network. 

Comment concilier ces deux aspirations – recherche d’économie des consommateurs et convictions écologiques – tout en faisant entrer son business en ligne dans un processus plus durable ? Grâce au re-commerce, qui favorise le re-commercialisation de biens usagés en organisant la revente. C’est-à-dire, plus clairement, la vente de produits d’occasion, reconditionnés, de seconde main ou de déstockage. 

Le re-commerce « ​s'inscrit pleinement dans les objectifs d'une transition écologique et solidaire en permettant de réduire l'impact écologique de la consommation des biens du quotidien tout en les rendant accessibles au plus grand nombre », explique Michel Wielhouwer, directeur général de Visa France, Belgique et Luxembourg, dans un billet détaillé sur le sujet. 

Il note par ailleurs que les recherches sur Google ont augmenté de 25 % pour le terme « reconditionnés » et de 80 % pour « seconde main » entre novembre 2021 et 2022. Prendre le tournant du re-commerce, c’est à la fois s’ouvrir à de nouveaux clients potentiels et favoriser un e-commerce responsable. Un rapport de la fondation MacArthur le notait d’ailleurs : l’économie circulaire pourrait permettre de générer un bénéfice net de 1 800 milliards d'euros en 2030 en Europe, « soit 900 milliards d’euros de plus qu’en suivant le modèle économique actuel », note l’ADN

Favoriser les bonnes pratiques 

Récapitulons : privilégier une démarche de développement durable correspond aux désirs des consommateurs, mais permet aussi aux commerçants de prendre la tangente du e-commerce et s’ouvrir à de nouveaux marchés. Alors, pourquoi le basculement vers une e-économie circulaire prend-il tant de temps ? 

Parce que les efforts à fournir et les bonnes pratiques à mettre en place au sein des sociétés demandent une stratégie et une réflexion sur les processus des entreprises. Dans son dense rapport « Pour un développement durable du commerce en ligne », France Stratégie, administration gouvernementale, explique que le gouvernement environnemental du commerce en ligne est encore discuté et énonce une série de propositions, comme la création d’un label de l’e-commerce durable. 

Ce document offre aussi aux entreprises des bonnes pratiques pour favoriser le développement durable : une baisse des volumes d’emballages, la suppression du plastique, l’utilisation de matériaux recyclés ou la limitation des retours produits, qui est l’un des grands freins à un e-commerce vraiment durable. Une réflexion plus large autour de l’impact du parcours client peut ainsi être engagée : inciter à la livraison en point relais, encourager les consommateurs à acheter en lots, etc. Autant d’axes de travail pour les e-commerces qui peuvent aussi être des leviers de communication importants ! 

Auteur : Benjamin B

Crédit Photo : ChayTee

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