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En France, les garages solidaires prennent de la vitesse contre la précarité

Publié le 27 février 2023 à 23h00

Deux mécaniciens travaillant sur une voiture au garage
Deux mécaniciens travaillant sur une voiture au garage

De l’Aquitaine à Lyon, les garages solidaires se multiplient en métropole. Ils proposent à des prix défiant toute concurrence des réparations, voire un nouveau véhicule, aux personnes ayant des revenus modestes. Une autre manière de lutter contre la précarité en matière de mobilité, dite précarité mobilité.

Prendre sa voiture pour faire des courses, le métro pour aller au travail, un billet de train en ligne pour voir sa famille durant les vacances : ces gestes, qui paraissent on ne peut plus simples, sont-ils véritablement accessibles à tout le monde en France ? 

Selon le baromètre des mobilités du quotidien 2022, une enquête conduite annuellement par la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH), c'est loin d’être le cas : 13,3 millions de personnes majeures, soit plus de 27% de la population de plus de 18 ans, subissent la « précarité mobilité » au quotidien. Un terme qui regroupe de multiples problématiques : prix des carburants trop élevés pour certains, réseaux de transport inexistants à proximité du domicile ou absence de dispositifs accessibles comme, par exemple, pour les personnes en situation de handicap. 

Comment résoudre ce problème ? La mobilité solidaire offre une palette de possibilités. Prêt de véhicules, covoiturage ou réseau routier adapté à une aire géographique rurale, comme le réseau Linggo, qui propose aux habitants du pays de Langres de réserver leur trajet en bus à l’avance pour que tout le monde puisse se déplacer en campagne et à bas prix. Une autre solution ? Les garages solidaires, qui se développent de plus en plus en France. 

Des réparations à bas prix pour les revenus les plus modestes 

Cette même étude du FNH souligne en effet une autre donnée intéressante : 5,3 millions de Français sont en situation de dépendance à leur voiture – c’est-à-dire qu’un véhicule personnel leur est nécessaire pour vivre chaque jour. Mais si les revenus ne suivent pas, comment régler les frais de réparation de son véhicule pour continuer à travailler et se déplacer ? Selon un rapport (2019) du Laboratoire de la Mobilité Inclusive, le coût global d’une voiture s’élève à 4 900 euros par an, soit un tiers du SMIC annuel. L’entretien de son véhicule relève alors autant de la survie que de l’épreuve. 

C’est ce contre quoi luttent les garages solidaires, comme ceux créés par le réseau Agil’ess, qui a pour but « d’œuvrer pour le développement et la professionnalisation des garages et loueurs solidaires intervenant en faveur de la mobilité pour tous ». Grâce à ce réseau de garagistes franchisés, les personnes aux revenus modestes peuvent faire réparer leurs véhicules pour 35 euros de l’heure, avec des pièces vendues à prix coûtant. Réservés aux clients vivant en-dessous du seuil de pauvreté, les garages de ce réseau franchisé, comme celui de Lormont, visité récemment par Libération, emploient également des personnes en réinsertion professionnelle ou ayant eu des parcours complexes.

D’autres garages similaires fleurissent en France : fin 2021, c’est près de Lyon, à deux pas du stade de l’Olympique Lyonnais, qu’a ouvert Garage Solidaire Décines. On pourrait aussi citer celui de l’association Varlin Pont Neuf, à deux pas de Limoges, inauguré à l’été 2022. Tous deux pratiquent les mêmes tarifs que les garages du réseau Agil’ess. Avec un succès certain : 290 bénéficiaires pour la réparation et la location ont été enregistrés au garage de Limoges en six mois à peine, expliquait l’association au journal Aqui! au début du mois de février. Comme quoi, la précarité n’est pas une fatalité. 

Auteur : Benjamin B

Crédit Photo : FG Trade

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