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Et si le dirigeable était l’avenir de l’aviation ?

Publié le 13 juin 2023 à 22h00

Dirigeable aérostat de M.C. Campbell, perdu en mer le 10 juillet 1889
Dirigeable aérostat de M.C. Campbell, perdu en mer le 10 juillet 1889

A l’heure où la culpabilité de prendre l’avion a même son néologisme (« flygskam » en suédois), scientifiques et startupers se penchent sur des alternatives aéronautiques durables. Grande surprise : cela pourrait être le retour du mythique dirigeable.

A la lecture de ces quelques lignes, les amateurs de Jules Verne et de Led Zeppelin risquent de frissonner de bonheur : près de cent ans après leur quasi disparition, le dirigeable pourrait bien devenir l’alternative écolo à son rival super pollueur, l’avion. Celui-ci présente un avantage fondamental : sa légèreté par rapport à l'air. Grâce à cela, il peut s'élever sans avoir recours à la combustion de kérosène ou de fioul lourd, et utiliser les courants aériens pour se déplacer. Et si, en 2023, les dirigeables étaient la solution la plus économe en énergie et la moins émettrice de gaz à effet de serre pour voyager par les airs ?

Alléger le transport de marchandises

Pourquoi utiliser des ballons dirigeables au lieu des avions ? Ils permettent d'accéder à des zones inaccessibles par voies terrestres ou pour les infrastructures aéroportuaires traditionnelles. Ils se révèlent précieux pour le transport de marchandises telles que machines, denrées alimentaires, équipements médicaux, ou encore matériel industriel. Et ils sont, surtout, moins consommateurs d’énergie. 

Un déclic pour Sébastien Bougon, il y a environ 10 ans, un ingénieur en génie civil spécialisé dans le transport de matériaux lourds et également constructeur de ponts, notamment du pont Vasco de Gama à Lisbonne. Après avoir rencontrés de nombreux problèmes dans l'accessibilité de certaines zones, il a lancé la start-up « Flying Whales » pour relever le défi du « dernier kilomètre » : à la place de construire des routes dans des endroits difficiles d'accès, voire de défricher des forêts pour récolter du bois, la solution pourrait se résoudre dans les airs avec un dirigeable suffisamment grand pour transporter des tonnes de bois, capable de voler en stationnaire sans nécessiter une piste d'atterrissage.

Cet engin made in France mérite bien son nom de « baleine volante ». Avec 200 mètres de long et 50 mètres de large, il fait près de deux fois la taille d'un Airbus A380, avec une soute de la taille d'un terrain de football. Il peut parcourir environ 1 000 kilomètres en autonomie, à une vitesse de 100 à 150 km/h, et effectuer environ 250 jours de vol par an, en fonction des conditions météorologiques. Le dirigeable est également respectueux de l'environnement puisqu’il fonctionne à l'hélium et à l'électricité, consommant cinquante fois moins que les avions ou les hélicoptères, et il peut transporter 60 tonnes de matériel, contre seulement 4 tonnes pour un hélicoptère. 

Prendre de la hauteur

Un jeune ingénieur français de 22 ans, Théo Hoenen, passionné d'aéronautique, voit même dans les dirigeables une opportunité de révolutionner la prise de vue aérienne, surpassant ainsi les performances des drones électriques. Sa société, HyLight, propose des dirigeables utilisant l'hydrogène comme gaz de levage, offrant ainsi une solution durable et efficace pour les organismes nécessitant la collecte de données aériennes, réduisant ainsi les interventions humaines inutiles. Cette technologie trouve également des applications dans la prévention des risques et la mise en place de mesures préventives pour la maintenance des infrastructures linéaires, telles que les lignes électriques, les gazoducs, les pipelines, les chemins de fer et les autoroutes. À l'avenir, elle pourrait également être utilisée pour le recensement des animaux, la cartographie ou l'évaluation des zones souffrant de stress hydrique, entre autres.

Si le ballon dirigeable était autrefois un rêve d’aventurier, il pourrait être une alternative crédible aux avions et offrir de nouvelles perspectives ainsi que des possibilités inexplorées. Si ces nouvelles variations ont des vocations plutôt industrielles pour le moment, on peut tout de même imaginer voir une voie s’ouvrir vers un plus large public désireux de voyage plus écologique en phase avec les préoccupations actuelles. 

Autrice : Carla P

Crédit Photo : clu

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