# Économie

Et si l’on rendait les transports gratuits partout en France ?

Publié le 8 mars 2023 à 23h00

Homme embarquant à bord d'un métro avec son vélo
Homme embarquant à bord d'un métro avec son vélo

Montpellier a annoncé qu’à partir de décembre 2023, les transports de la ville seront gratuits pour les habitants. Un phénomène qui n’est pas rare puisqu’en France près de 39 villes proposent déjà la gratuité des transports pour tous. De Dunkerque à Montpellier en passant par Niort et Neuves-Maisons, ce système fonctionne-t-il ? Pourquoi la gratuité des transports n’est-elle pas appliquée partout en France ?

La gratuité des transports en France est une vieille histoire. En 1971, la ville de Colomiers en Haute-Garonne annonce la gratuité de ses transports. Une mesure qui sera supprimée en 2018 mais qui reste pionnière dans l’avancée vers les transports gratuits puisqu’aujourd’hui, pas moins de 39 villes en France proposent la gratuité sur leur réseau. Une initiative que Montpellier met en place progressivement.

En effet, en 2020, la métropole méditerranéenne de l’Hérault a commencé sa transition en rendant le réseau de transports gratuit le week-end. Un an plus tard, elle les rend 100% gratuits pour les moins de 18 ans et les plus de 65 ans. Trois ans plus tard, le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, annonce la gratuité des transports pour tous les habitants de la métropole à compter du 21 décembre. Mais est-ce si simple que cela ? 

Les avantages des transports gratuits

À Dunkerque, qui a adopté la gratuité totale en 2018, ou Niort, qui l’a mise en place un an plus tôt, la mesure s’est accompagnée d’une augmentation drastique du nombre d’usagers. À Dunkerque, ce sont ainsi + 85% en semaine et + 125% de fréquentation le week-end qui ont été constatées par la mairie. Sylvanie Godillon, géographe-urbaniste spécialiste des enjeux de mobilité, l’explique par le fait que, n’ayant plus de frein financier, les transports sont alors vraiment accessibles à tous. Le pouvoir d’achat est d’ailleurs l’une des raisons qui a poussé Michaël Delafosse à rendre les transports montpelliérains gratuits.

L’intérêt écologique est le deuxième argument avancé par le maire de Montpellier et les défenseurs de la gratuité des transports : des transports gratuits et plus fréquentés, c’est moins de voitures qui circulent en ville et donc moins de pollution. Si l’argument est valable, il est toutefois à nuancer. À Châteauroux par exemple, la diminution des déplacements en voiture (- 1,4%) a été moins notable que celle de la marche (- 2,6%) et des vélos (- 6,7%). Pour la géographe-urbaniste, la gratuité des transports ne peut pas tout résoudre « la gratuité c’est un coup de pouce, c’est un outil pour que les usagers soient plus invités à prendre les transports en commun mais ça ne fait pas tout. » En effet, tout dépend du développement du réseau : si le nombre d’usagers augmente, il faut que les moyens et la maintenance des transports en commun suivent. 

Comment faire ?

Le passage à l’échelle du pays des transports gratuits est donc plus complexe qu’il n’y paraît. Les moyens, la qualité du réseau et la capacité de chaque ville à soutenir une augmentation radicale du nombre d’usagers entrent en compte. Si le cas de Montpellier a été si rapide, c’est parce que la ville a su développer son réseau pour le rendre attractif et pleinement fonctionnel pour les habitants de la métropole. Toutefois, cette gratuité est un coût pour les communes. La ville de Niort, par exemple, a dû réduire son réseau pour en conserver la gratuité. Mais ce n’est pas le cas pour toutes les villes françaises.

Rendre les transports gratuits est donc une bonne chose d’un point de vue économique pour les usagers puisque les transports représentent une des dépenses majeures des foyers français. Or, comme l’a précisé Sylvanie Godillon, une gratuité des transports est efficace si le réseau de transport est à la hauteur : « Mieux vaut avoir un réseau bien développé et payer deux euros plutôt que d’avoir un système gratuit moins performant ». Partant de ce constat, elle propose une alternative : rendre les transports gratuits pour les personnes précaires comme c’est le cas à Lyon. Une mesure qui, selon la géographe-urbaniste, mérite réflexion pour un accès aux transports plus équitable.

Autrice : Flavie R

Crédit Photo : Dean Mitchell

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