# Économie

Les sourciers nous mènent-ils à la baguette ?

Publié le 10 mai 2023 à 22h00

Homme cherchant une source à l'aide d'une baguette de sourcerie
Homme cherchant une source à l'aide d'une baguette de sourcerie

Après des étés ponctués d’alertes sécheresse, les sourciers ont de nouveau la cote. Ces nouveaux « sorciers » affirment pouvoir trouver des sources d’eau armés d’une baguette, grâce à leur seule intuition. Alors, esbroufe ou véritable don ? Décryptage. 

Mais ça marche ?!

La « radiesthésie », ou « sourcerie », est une pratique qui consiste à utiliser des outils ou des techniques pour localiser des sources d'eau souterraines, des minéraux, des objets ou d'autres substances cachées ou inconnues.  Équipé d’une baguette en forme de Y ou de L, souvent en métal ou en bois, le radiesthésiste se déplace lentement sur le terrain désigné à la recherche d’une source. Lorsqu'il passe sur une substance cible, la baguette est censée bouger ou réagir, indiquant la présence de l'objet recherché. 

Ces pratiques sont considérées par de nombreux scientifiques et sceptiques comme une pseudo-science, car il existe peu de preuves scientifiques de son efficacité. De nombreuses études menées dans des conditions contrôlées n'ont pas réussi à démontrer que la radiesthésie était constamment fiable ou précise. Son succès est notamment attribué à des facteurs tels que le hasard, les préjugés subjectifs et l'effet idéomoteur, c'est-à-dire le mouvement inconscient de la main ou du corps du radiesthésiste qui peut influencer le résultat. 

La peur de la sécheresse met tout le monde sur le qui-vive

Cela importe peu pour Cécile Gouet-Roul, assistante de direction dans une PME et sourcière. Elle explique vivre un sentiment « grisant » depuis qu’elle a commencé à pratiquer. « L’entreprise pour laquelle je travaille a comme activité la protection des canalisations enterrées contre la corrosion. Un jour, mon patron, me donne un bâton de sourcier que le créateur de l’entreprise lui avait transmis quelques années plus tôt, car ce dernier avait le don et cela lui servait dans son activité. Lorsque j’ai saisi l’outil, cela a été l’évidence ! Une connexion s’est faite directement et en faisant le test en grandeur nature, cela fonctionnait : je trouvais les cavités d’eau », se souvient-elle. « Je le fais pour aider et surtout cela me fascine toujours. Pourquoi cela fonctionne avec moi et pas avec les autres, qu’est-ce que j’ai de plus ? Ces questions restent sans réponse et c’est captivant. » 

Une pratique qui passionne et qui connaît un renouveau de ses pratiquants comme de sa « clientèle ». Originaire de la région des Pyrénées, Philippe est enseignant et élu local. Adolescent, son grand-oncle lui découvre un don pour la sourcerie et s’y adonne de temps en temps comme un passe-temps. Depuis les dernières canicules, le mot a circulé et son téléphone ne s’arrête plus de sonner, « au départ c’était la famille et maintenant tous les voisins me demandent de passer avec mes baguettes ». Selon lui, les restrictions en eau en ont effrayé plus d’un. D’un air rieur, il avoue qu’avant c’était un objet de taquinerie, désormais on lui demande de trouver des sources pour creuser un puits dans son jardin…

Qu’en est-il des nappes phréatiques ? Après tout, s'il arrive à ces sourciers de trouver par chance un point d’eau, rien n’indique d’où vient la source. « C’est vrai qu’on ne sait pas donc forcément si tout le monde se met à creuser et à puiser dans les ressources collectives, il n’y aura plus rien pour personne ». En attendant, les amateurs se professionnalisent tandis que les curieux se rendront, comme chaque année, toujours plus nombreux à Pouilloux en Dordogne pour un stage de ressourcerie. Un phénomène qui fait sourire nos voisins outre-Manche !

Autrice : Carla P

Crédit Photo : travelview

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