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Micro-forêts, un regain de nature en milieu urbain

Publié le 20 avril 2023 à 22h00

Micro-forêt Miyawaki au coeur de Paris
Micro-forêt Miyawaki au coeur de Paris

L’espace urbain, synonyme de béton ? Et si on rendait les villes un peu plus vertes, facilement ? Depuis quelques années maintenant, des micro-forêts envahissent les espaces cimentés pour un regain de fraîcheur et d’oxygène.

Alors que les villes tendent à se réchauffer à cause du dérèglement climatique, de nombreux collectifs et associations prennent les devants et proposent de créer des micro-forêts urbaines. À Bordeaux, Toulouse, Paris ou encore Strasbourg, ces petits îlots de nature montrent leurs bienfaits et sont faciles à implanter puisque pour recréer un écosystème, seulement l’équivalent d’une dizaine de places de parking est nécessaire. Une idée venue du Japon, qui porte déjà ses fruits (et ses feuilles).

La méthode Miyawaki

L’élaboration d’une micro-forêt repose sur une méthode japonaise inventée par Akira Miyawaki, fameux botaniste japonais et expert mondial de la restauration des forêts, disparu en 2021. 

Son dispositif nécessite plusieurs étapes. Avant même de commencer à planter, il faut s’assurer que le sol soit viable. S’il n’est pas assez riche, il faut l’agrémenter de paille, de compost et autres engrais naturels permettant de lui redonner un peu de vitalité. Ainsi fait, il est temps de planter : c’est à ce moment que la méthode Miyawaki prend forme. Basée sur la compétitivité et la sélection naturelle, la technique japonaise impose une plantation rapprochée avec trois jeunes plants par mètre carré permettant ainsi aux arbres de pousser d’environ un mètre par an, soit dix fois plus qu’une forêt traditionnelle.

Pour que les plantes grandissent aussi rapidement, il faut choisir des essences d’arbustes et d’arbres locaux qui sauront s’adapter au climat de la région. C’est également cette diversité qui permettra de créer différentes couches de végétations et, ainsi, fera vivre le nouvel écosystème. Une fois plantée, la micro-forêt ne demandera que trois ans d’entretien. Passé ce délai, la biocénose, l’ensemble des êtres vivants constituant la micro-forêt, devient autonome et promet une biodiversité importante.

Les bienfaits

Cette méthode japonaise s’est rapidement exportée aux quatre coins du monde et fait doucement son entrée en France. Les micro-forêts apparaissent en effet comme un atout non négligeable à la préservation de l’environnement et à la revégétalisation des espaces. En effet, ces dernières captent le CO2 et le transforment en O2 grâce à la photosynthèse et, plus important, elles ramènent de la biodiversité dans des lieux qui ne le permettaient plus. De plus, elles créent de l’ombre et des îlots de fraîcheur, ce qui permet de réduire la température du voisinage. Alors quand le réchauffement climatique annonce des étés très chauds, ces micro-forêts sont un espoir de voir la tendance s’inverser et de rendre la vie en ville supportable. Elles ont aussi une visée pédagogique et communautaire : une micro-forêt peut être lancée et préservée par un regroupement de citoyens, comme une association locale, facilement et rapidement.

Les expérimentations françaises

En France, des associations comme « Boomforest » s’adonnent à planter des micro-forêts en milieu urbain. L’association a accompagné la mairie de Paris et les riverains dans l’élaboration d’une micro-forêt près de la Porte de Montreuil en 2020. Si aujourd’hui presque 9 % de la capitale française est recouverte d’arbres, ce n’est pas assez pour faire face aux problèmes climatiques. Paris s’est donc donné pour objectif de planter 170 000 nouveaux arbres d’ici 2026, un agrandissement qui passera notamment par l’élaboration de plusieurs micro-forêts.

À Toulouse aussi, la végétation reprend sa place dans la ville. En 2019, le Collectif Micro-forêt a été créé pour planter la première micro-forêt urbaine de la ville occitane dans le quartier de Rangueil. Mais Katja Wehrlin, membre du collectif, avoue à France 3 Occitanie qu’il faudrait aller plus loin et proposer des micro-forêts comestibles constituées d’arbres fruitiers pour pallier la résilience alimentaire de la ville.

Autrice : Flavie R

Crédit Photo : Boomforests

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