# Économie

Profession : inventeur, ou comment trouver la poésie dans le quotidien

Publié le 14 mai 2024 à 09h09

Scène de Dr. Who et les Daleks (1965) de Gordon Flemyng, D.O.P John Wilcox
Scène de Dr. Who et les Daleks (1965) de Gordon Flemyng, D.O.P John Wilcox

Alors que le prestigieux concours Lépine, célébrant les innovations les plus remarquables de notre époque, arrive en mai à la Foire de Paris, on a eu envie de s’intéresser aux motivations et aux univers des inventeurs les plus créatifs de notre temps. Dans cette effervescence de créativité, ce sont souvent les inventions les plus audacieuses, celles qui osent braver les conventions et embrasser l’étrangeté, qui laissent une empreinte durable dans les esprits.

Qu'est-ce qui différencie le génie de la folie ? Dans le monde des inventeurs, cette frontière est souvent floue. Car ce sont précisément celles et ceux qui osent s'aventurer dans les territoires de l'absurde, qui nous offrent les inventions les plus mémorables. Ces esprits visionnaires trouvent généralement leur inspiration dans les recoins les plus inattendus de la vie quotidienne, transformant des idées farfelues en réalités surprenantes.

La fiction, territoire d’expérimentation et d’inspiration

Contrairement à ce que l’on pourrait parfois croire, l'invention est bien plus qu'une simple solution à un problème. C’est une forme d’art à part entière qui nécessite à celles et ceux qui s’y attellent de repousser les limites de leur créativité et de leur imagination pour explorer de nouveaux territoires, parfois absurdes, et souvent poétiques. Dans notre société moderne, où la technologie domine et où l'innovation est vénérée, il est facile de perdre de vue le caractère ludique et fantasque de l'invention. Mais derrière chaque objet, chaque gadget, se cache souvent un inventeur déterminé à défier les attentes et à émerveiller le monde avec ses créations. 

La fiction est un terreau fertile où poussent les idées les plus farfelues. Pensez au traducteur universel de Géo Trouvetou, ce personnage de bande dessinée excentrique, tentant de décoder les bavardages des animaux. Aussi brillante était cette idée, ce dernier s’est vite rendu compte que leurs conversations étaient bien moins palpitantes que celles des humains. Et que dire de l'incroyable machinerie matinale de Wallace et Gromit ? Elle vous extrait du lit, vous habille, et vous dépose à la table du petit déjeuner dans un ballet mécanique ! Après avoir visionné l’épisode, un inventeur anglais a essayé, en vain, de mettre au point un lit éjectable. Enfin, il ne faudrait pas non plus oublier le pianocktail, un piano qui mélange des spiritueux en fonction des notes jouées, star de L’Écume des jours de Boris Vian, dont la conception a finalement été concrétisée par Voel Martin et Aurélie Richer, en témoignent des archives télévisées de 2011.

La joie de l’inutile

Un exemple frappant de cette approche ludique de l'invention est l'art japonais du Chindōgu. Ce concept, qui consiste à créer des gadgets "utiles mais inutilisables", illustre parfaitement l'idée selon laquelle l'absurdité peut parfois mener à des découvertes extraordinaires. Parmi ses adeptes, on retrouve Matty Benedetto, pilote du compte instagram unnecessaryinventions, qui s'est forgé une réputation en conceptualisant des produits destinés à résoudre des problèmes imaginaires. Parmi ses idées, on retient notamment ses lunettes de soleil avec essuie-glaces intégrés, même si on en a tous rêvé d’en avoir un jour une paire. En Suisse, un certain David Foutimasseur a également recréé la mini-tondeuse à gazon qui épargne les pâquerettes tout droit sortie des aventures de Gaston Lagaffe. Inspiré par l'esprit facétieux du célèbre personnage de bande-dessinée, dont chaque invention célèbre la créativité débridée.

Quant à la  youtubeuse Simone Giertz, elle a fait des pieds et des mains pour obtenir le titre de “reine des robots foireux”. Avec son humour décalé et son esprit fécond, la Suédoise crée des robots destinés à faciliter les tâches quotidiennes, qui échouent souvent de manière cocasse. Du réveil qui gifle son utilisateur pour le faire se lever à l'applicateur de rouge à lèvres automatisé qui finit par semer le chaos, ses créations sont à la fois une source de divertissement et une réflexion sur la nature même de l'ingéniosité humaine. En démontrant que même dans l'échec, il y a de la beauté et de la créativité, elle défie les conventions et nous invite à reconsidérer notre rapport à la perfection.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Scène de Dr. Who et les Daleks (1965) de Gordon Flemyng, D.O.P John Wilcox

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