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Smartphones plus durables : ce que change la nouvelle règle européenne
Publié le 9 juillet 2025 à 10h22

Depuis le 20 juin 2025, une nouvelle réglementation européenne entre en vigueur, avec un objectif ambitieux : rendre nos smartphones et tablettes plus durables, plus faciles à réparer, et moins polluants. Une petite révolution pour notre quotidien, qui pourrait bien changer la donne sur le marché !
Un écran cassé, un micro défaillant, un appareil qui surchauffe : encore récemment la réparation relevait souvent du parcours du combattant. Désormais, les smartphones mis sur le marché européen devront être conçus pour résister aux chocs, aux éclaboussures et à la poussière. Leur batterie devra supporter au moins 800 cycles de charge tout en conservant 80 % de sa capacité initiale. Et ce n’est pas tout : les mises à jour de sécurité devront être disponibles pendant au moins cinq ans après la vente du modèle, selon les conditions définies par l’Union Européenne.
Ces exigences visent à allonger la durée de vie des appareils, encore trop souvent remplacés au bout de deux ou trois ans malgré leur bon fonctionnement. La Commission rappelle que les smartphones représentent aujourd’hui l’un des produits numériques les plus polluants, en raison de leur cycle de renouvellement rapide et de leur production énergivore.
Réparer au lieu de jeter
Autre pilier du texte : la réparabilité. Les fabricants sont désormais tenus de rendre disponibles les pièces détachées essentielles (batterie, écran, caméra, haut-parleur, etc.) jusqu’à sept ans après la fin de la commercialisation d’un modèle. Ces composants devront être livrables dans un délai de cinq à dix jours ouvrés, et les produits conçus pour pouvoir être démontés avec des outils simples, sans techniques propriétaires.
Ces avancées concrétisent certaines revendications anciennes portées par des ONG, comme Halte à l’obsolescence programmée (HOP), très active sur ce sujet en France. L’association salue globalement la démarche, mais alerte aussi sur plusieurs reculs dans le texte final. L’une de leurs critiques majeures concerne la réparation des écrans, qui devait être autorisée pour tous les utilisateurs, mais qui est finalement réservée aux professionnels agréés.
Autre point sensible : aucune obligation ne régule les prix des pièces détachées, ce qui pourrait rendre les réparations peu attractives financièrement, notamment pour les modèles haut de gamme.
Un étiquetage plus transparent mais encore perfectible
Le règlement introduit également un nouvel étiquetage environnemental, inspiré de celui déjà appliqué à l’électroménager. Chaque appareil devra désormais afficher cinq notes différentes (autonomie, résistance, réparabilité, etc.), allant de A à E. Mais pour plusieurs associations, ce système est trop complexe et risque de désorienter les consommateurs. En France, l’indice de réparabilité en vigueur depuis 2021 propose une note unique sur 10, jugée plus lisible et plus facilement exploitable.
Une réponse à l’urgence environnementale
Selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement, prolonger d’une seule année la durée de vie moyenne des smartphones en Europe permettrait de réduire de 4 millions de tonnes les émissions de CO₂ chaque année. Dans l’Union, plus de 14 millions de tonnes de déchets électroniques sont générés chaque année, dont une part significative provient des téléphones mobiles.
La volonté des citoyens d’aller vers des produits plus durables est nette. D’après un sondage Eurobaromètre de 2022, 77 % des Européens préfèrent réparer plutôt que remplacer leurs appareils, si l’option leur est donnée.
En s’attaquant à la durée de vie des smartphones, l’Union européenne amorce un changement de cap. Ce règlement crée un précédent : il montre qu’un produit numérique n’est pas condamné à être éphémère. Si le marché joue le jeu, et si les consommateurs sont correctement informés, nos appareils pourraient bien devenir, enfin, des objets conçus pour durer.
Autrice : Carla P
Crédit Photo : Eduard Lysenko/iStock