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Tampons, serviettes : les neuf produits à éviter

Publié le 23 mai 2024 à 09h03

Depuis le 1er avril 2024, les fabricants et distributeurs de protection intime (tampons, serviettes hygiéniques, coupes menstruelles…) ont désormais l’obligation d’afficher les produits utilisés et leurs potentiels effets indésirables sur l’emballage ou la notice de leurs marchandises. Mais parmi toutes les substances, quelles sont celles à éviter absolument ? On fait le point.

Au cours de sa vie, une femme utilise en moyenne 10 000 protections hygiéniques et pourtant, ce n’est que depuis quelques années qu’on commence à s’intéresser à leur composition. En France, le sujet a fait une entrée fracassante dans le débat public en mars 2016, après qu’une étude du magazine 60 millions de consommateurs a révélé que certains produits d’hygiène intime contenaient des substances toxiques. La publication, largement reprise, a bien évidemment suscité l’indignation et la colère des consommatrices qui se sont mobilisées via des pétitions et des actions publiques pour enfin connaître et réglementer la composition des produits qu’elles utilisent chaque mois.

Les protections périodiques responsables du syndrôme du choc toxique lié

Beaucoup de femmes l’ignorent, mais chaque année en France, près d’une centaine d’entre elles est victime d'un syndrome du choc toxique, à la suite d’une mauvaise utilisation de dispositifs vaginaux tels que les tampons ou les coupes menstruelles. Également appelée “maladie du tampon”, cette infection qui survient au moment des règles est causée par la libération dans le sang de bactéries, principalement des staphylocoques, et peut mener, dans les cas les plus graves, à une paralysie des membres inférieurs, ou même, à la mort. 

Si cette situation est très rare, elle nécessite une prise en charge médicale immédiate après l’apparition des premiers symptômes. Ces derniers ne sont malheureusement pas toujours évidents à reconnaître, puisqu’ils ressemblent généralement à ceux de la grippe, de la gastro ou d’une éruption cutanée.

Neuf composants à éviter absolument 

Face à l’inquiétude grandissante des femmes françaises, les ministères de la Santé et de l’Économie ont saisi en 2016 l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, ndlr) pour évaluer les risques sanitaires relatifs à la sécurité des protections intimes. Et les résultats ont de quoi faire froid dans le dos : des traces de lindane et de quintozène, deux pesticides, dont l’usage est interdit en Europe depuis plus de vingt ans, ont été retrouvés dans des serviettes hygiéniques et des protège-slips. Malheureusement, ce ne sont pas les seules substances dangereuses à faire partie de la composition des protections intimes. Du glyphosate, le très décrié herbicide de Monsanto, a également été découvert.

Outre les pesticides, d’autres tests réalisés en 2016 et 2018 ont mis en évidence la présence d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des phtalates (produits chimiques qui seraient responsables d’une naissance prématurée sur dix aux États-Unis, ndlr), du chlore et d’autres perturbateurs endocriniens dans les protections périodiques. Problème : la présence de tous ces contaminants n’est pas considérée comme préoccupante du fait de leur faible dosage. En effet, les valeurs relevées dans les différentes études correspondent aux normes de l’Anses et des connaissances actuelles en chimie. 

Un article de 60 millions de consommateurs publié en 2023 a cependant alerté sur le manque de connaissances sur la toxicité de certains contaminants et publié une nouvelle analyse de la composition de vingt-quatre protections menstruelles. Il met a en garde les consommatrices contre ces neuf produits toxiques : 

  • Glyphosate et Ampa (molécule de dégradation du glyphosate) : classés comme probablement cancérogène pour l’Homme en 2015
  • chlore : peut irriter et enflammer les voies respiratoires, il pourrait aussi être associé à un risque élevé de cancer 
  • EOX (composés organohalogénés extractibles) :  toxique pour l’environnement et la santé 
  • AOX (composés organohalogénés adsorbables) : toxique pour l’environnement et la santé 
  • Phtalates : dans cette famille de substances chimiques, certaines sont classées comme cancérogène mutagène et reprotoxique par l’agence européenne des produits chimiques (ECHA)
  • Triclosan : soupçonné de perturber le système endocrinien
  • Formaldéhyde : classé cancérogène avéré chez l’Homme en 2004 
  • Dioxines : classé cancérogène certain chez l’Homme 
  • Furanes : classé probablement cancérogène en 1995 

L’article précise que certains produits estampillés biologiques et écologiques comportent eux-aussi des traces de produits à risque.

Vers plus de transparence dans les produits hygiéniques 

Depuis les premières alertes et les premiers tests, le gouvernement a pris de nouvelles mesures en faveur de plus de transparence dans les protections hygiéniques, puisque depuis le 1er avril, toutes les boîtes de serviettes, tampons et autres produits de protection intime féminine doivent afficher la composition de leurs produits.

Sur les emballages ou, à défaut d’espace suffisant, sur la notice d’utilisation, les fabricants doivent également indiquer, pour chacun des composants, « le détail des substances et matériaux incorporés intentionnellement durant le processus de fabrication du produit fini », détaille un communiqué du 8 mars 2024. En revanche, le décret laisse aux industriels jusqu’au 21 décembre 2024, pour écouler les stocks des produits déjà mis sur le marché. Alors d’ici une transparence totale, on ouvre l'œil et on fait attention à ce qu’on achète !

Autrice : Romane G.

Crédits : Natracare/Unsplash

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