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La “fausse viande” est-elle si bonne pour l’environnement ? 

Publié le 25 juillet 2022 à 22h00

Wings  végétaliennes avec dips au yaourt
Wings  végétaliennes avec dips au yaourt

Elle envahit les rayons de supermarchés comme les menus des fast-food : la « fausse viande », produite à partir de protéines végétales, serait la solution contre l’élevage industriel du bétail. En parallèle, l’agriculture cellulaire, permettant de produire des steaks à partir de cellules souches, promet d’alimenter toute la planète en viande d’ici quelques années. Ces deux solutions pourraient révolutionner l’industrie de la viande, mais auront-elles un impact positif sur l’environnement ? 

Trop de viande, c’est trop de CO2 

C’est un fait avéré par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) : chaque année, ce sont 65 milliards d’animaux qui sont tués pour être commercialisés et finir dans nos assiettes. En 2017, 323 millions de tonnes ont été produites dans le monde. 

Pour quel impact climatique ? Les sources sont multiples, mais les dernières estimations de la FAO (publiées en 2013) estimaient que la production de viande était responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre liés aux activités humaines - c’est, à titre de comparaison, l’équivalent de l’ensemble des modes de transport à l’échelle internationale. L’élevage, qu’il soit bio ou non, a un effet sur le climat. Pourtant, la demande ne cesse d’augmenter : selon la FAO toujours, elle devrait progresser de 15 % entre 2018 et 2028. 

Et si les simili-viandes étaient la solution idéale, tant pour le climat que pour l’estomac des mangeurs et la qualité de vie des animaux ? Quelques explications. 

Entre protéines végétales et cellules souches, il ne faut pas (forcément) choisir

De Beyond Meat à Heura en passant par HappyVore, les steaks végétaux ont la côte en supermarché. Et pour cause : si les aliments comme le tofu ou la betterave permettaient auparavant de réaliser des steaks qui n’avaient ni le goût ni la texture de la viande, les entreprises de l’agroalimentaire parviennent désormais à copier parfaitement (ou presque) celle-ci. Porc, shawarma, steak de bœuf ou saucisse de poulet : plusieurs années de recherche ont été nécessaires pour produire des fausses viandes sans protéines animales. 

De l’autre côté du spectre, on trouve la viande créée à partir de cellules souches en laboratoire. Si la “viande in-vitro” n’a rien de la science-fiction : dès 2013, Mark Post, professeur à l’université de Maastricht, présentait le premier burger réalisé à partir de viande cultivée en laboratoire. Résumé, le principe est simple : une biopsie est réalisée sur un aliment pour travailler à partir de cellules souches, qui pourraient se multiplier et se transformer en fibres musculaires. La viande sera produite à partir de là - sans besoin d’abattre l’animal. 

Des solutions intéressantes pour le problème environnemental ? 

Si ces deux solutions apportent une réponse à la demande de viande à travers le monde, le font-elles en prenant en compte la nécessité environnementale ? La question se pose encore pour la viande artificielle, produite à partir de cellules souches. Celle-ci, qui n’est pas commercialisée en France et au sein de l’Union Européenne, est l’objet de débats et controverses sur les méthodes de fabrication et l’impact environnemental des produits. 

Une récente étude néerlandaise a pu analyser pour la première fois les données (température des bioréacteurs, durée de maturation, etc) des principales start-ups du secteur et en tire deux conclusions. Si les producteurs de viande in-vitro utilisent des énergies fossiles pour réaliser leurs produits à une échelle commerciale, ceux-ci auront un impact moindre face aux viandes bovines actuelles, mais plus élevé que le porc et la volaille. Tandis que si l’énergie utilisée est entièrement verte, la viande in-vitro sera moins polluante que la viande conventionnelle. 

Explicitée par Le Monde dans toutes ses nuances, l’étude offre de nouvelles clés de compréhension sur cette industrie naissante. Elle souligne également que peu importe les méthodes de culture de la viande in-vitro, celle-ci restera plus polluante que la viande produite à partir de protéines végétales. 

Produits à partir de légumineuses, ces steaks végétaux affichent un bien meilleur bilan carbone que la viande animale. Toutefois, il faut, comme souvent, nuancer : tout dépend de la composition des steaks en question ! Les OGM ou l’utilisation abusive de soja venu d’Amérique latine, et qui concourt souvent à la déforestation, ont aussi un impact environnemental. Quelle solution ? S’assurer que les marques que l’on achète utilisent des céréales produites localement, voire utilisant les circuits courts. Et comme cela, on pourra se faire un bon steak-frites sans culpabiliser ! 

In fine, la viande produite à partir de protéines végétales semble être meilleure pour l’environnement. Toutefois, la question reste encore en suspens pour la viande produite in-vitro, qui nécessite encore un développement technologique conséquent pour marquer un vrai changement dans les rythmes de production. 

Auteur : Benjamin B

Crédit Photo : Rocky89

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