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La fin des déchets et de la faim dans le monde grâce à l'IA

Publié le 23 mars 2023 à 23h00

Entreprise Invisible Foods
Entreprise Invisible Foods

Invisible Foods veut devenir le Tinder des aliments en proie au gaspillage dans l’industrie alimentaire. L’idée : aider les producteurs dont la marchandise est en train de se perdre à trouver un second souffle.

Si on a l’habitude de parler d’upcycling dans la mode, le terme ne vient pas forcément à l’esprit lorsqu’on parle de nourriture. Pourtant, le gaspillage alimentaire est un problème mondial. Neville Mchina a eu le déclic lors de la pandémie où il a dû jeter 100 tonnes d'avocats en 2020, simplement parce que le marché de l'avocat était inondé et que ses clients au détail avaient annulé leurs commandes. Impensable, se dit ce jeune entrepreneur zimbabwéen. Pour remédier à ce problème « systémique », il a lancé Invisible Foods, une plateforme alimentée par l'intelligence artificielle qui utilise la reconnaissance d'images pour identifier les aliments en cours de mutation afin qu'ils puissent être upcyclés ou réutilisés.

Il faut alors imaginer une solution dans le genre de l'application Tinder. Des vendeurs proposent leurs marchandises à différents degrés de dégradation à des acheteurs capables de transformer ces aliments en ketchup, en jus ou en soupe, etc. « Il y a un spectre qui va du super frais au pourri mais aussi différentes entreprises qui peuvent utiliser ces produits aux différents stades », explique Neville Mchina. « Nous servons d'intermédiaire parce que ces secteurs d'activité ne sont pas du tout reliés. Ce n'est la faute de personne, c'est simplement la façon dont l'industrie fonctionne. Nous intervenons pour connecter ces secteurs d'activité et les rendre plus efficaces. »  En somme, il suffit de swiper au lieu de jeter.

De l’entreprenariat au service de l’anti-gaspi

Neville Mchina, qui a étudié l'agroalimentaire en Allemagne puis a travaillé dans la gestion de chaîne d'approvisionnement, s'est rapidement rendu compte de la quantité de nourriture gaspillée lorsqu'il est devenu négociant en gros. « J'achetais des produits alimentaires aux agriculteurs pour les vendre à des détaillants germanophones. C'est là que j'ai vu combien de produits industriels étaient jetés simplement parce qu'ils n'étaient pas adaptés à la vente au détail », continue-t-il. Depuis deux ans, sa société opère aux Pays-Bas, en Allemagne et en Suède et bientôt en Belgique. Basée à Rotterdam, le plus grand port d'Europe où travaillent la plupart des producteurs, mais aussi la plupart des grossistes qui vendent au reste de l'Europe, Invisible Foods a l'intention d'utiliser ce hub pour se développer à plus grande échelle, car « c'est là que nous pouvons avoir le plus d'impact pour ensuite nous aider à nous développer à l'échelle mondiale. » 

Malgré l'enthousiasme contagieux de Mchina, tout ne s'est pas déroulé sans heurts. Il a dû obtenir un visa spécial pour établir sa société aux Pays-Bas, n’étant pas citoyen néerlandais. Sa première demande a été rejetée, mais il a réessayé. « Ce n'est jamais facile. Après tout, je n'avais qu'une idée. Ensuite, il faut trouver les bonnes personnes, les bons partenaires, qui non seulement croiront en cette idée, mais qui se laisseront aussi convaincre ! C'était une très bonne courbe d'apprentissage, et chaque conversation était importante. » Convaincu de son projet et entouré de développeurs chevronnés, il n’a fallu qu’un an et demi pour créer la plateforme de A à Z grâce au machine-learning. 

La marketplace n’est ouverte que depuis octobre dernier et Mchina estime avoir déjà participé au sauvetage de près de 100 tonnes de nourriture. Son projet est certes robuste mais, surtout, il est difficile d’ignorer sa passion et l’urgence qui le pousse à lutter contre le gaspillage : « J'ai fait beaucoup de recherches dans ce domaine et j'ai également travaillé pour les Nations Unies. Nous voulons commencer ici, aux Pays-Bas, et couvrir le continent européen, car c'est là que se situe la consommation. Mais nous devons également nous rendre là où la production a lieu, c'est-à-dire dans le tiers monde. Car si nous parvenons à sauver ce secteur, nous éliminons toutes les inefficacités du système alimentaire. » L'objectif est déjà fixé : passer à l’échelle mondiale. Avec un tel potentiel de croissance, nous pouvons nous attendre à voir Invisible Foods prospérer dans les années à venir et, espérons-le, encourager de nombreuses initiatives similaires pour lutter contre un problème aussi alarmant.

Autrice : Carla P

Crédits Photo : Invisible Foods

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