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La folle histoire des montres LIP
Publié le 1 décembre 2025 à 13h43

Symbole du prestige horloger français, LIP mêle l'atypique à l'indémodable. Depuis plus de 150 ans, la marque innove sans jamais perdre l'heure de vue. On vous raconte son histoire rocambolesque.
Elles traversent les générations, qu'elles soient sur le poignet ou dans la poche. Si le nom n'est officiellement déposé qu'en 1908, tout commence dès 1867 à Besançon, dans l'atelier du jeune Emmanuel Lipmann, âgé de 23 ans. Cependant, il faut attendre le lancement de leur premier chronomètre pour que le célèbre nom apparaisse sur tous les cadrans.
Clin d’œil à l'histoire : pour lancer son mouvement Type 14 en octobre 2025, la marque s'est affichée sur la façade de la brasserie Lipp à Paris. Un lieu symbolique, puisque Fred Lip (le petit fils) y avait déjà fêté le centenaire de la maison. Pour l'occasion, tour d'horizon de cette institution horlogère qui a toujours su renaître de ses cendres à travers les époques.
En avance sur son temps
La marque n'attend pas la fin du dix-neuvième siècle pour rayonner. Sous la demande d'Ernest Lipmann, fils d'Emmanuel, elle collabore avec Pierre Marie Curie, dans le but de développer les premiers cadrans phosphorescents grâce au radium. L'intérêt ? Lire l'heure dans le noir ! Plus tard, LIP se fait remarquer d'une manière étonnante… dans la publicité. Au lieu de passer par les distributeurs, l'entreprise finance des campagnes dans la rue, les journaux ou encore les magazines. Ils voient leur notoriété accrue dans le pays.
Au retour d'un voyage aux États-Unis, Fred Lipmann applique dans la boîte de nouvelles leçons managériales et demande à l'ingénieur André Donat de développer un mouvement révolutionnaire pouvant être fabriqué en série. La célèbre T18 est née. «T» pour la forme Tonneau et 18 pour la largeur. Inspirée du mouvement Art Déco et d'une grande précision, elle devient une véritable icône. Une version plaquée sera remise à Churchill en remerciement des services rendus à la France durant la guerre.
C'est accompagné d'une LIP que l'alpiniste Maurice Herzog atteint en 1950 le sommet d'un massif des montagnes de l'Himalaya. Avec cette montre capable de résister aux grands froids, l'entreprise établit un nouveau record mondial horloger. Mais l'ascension ne s'arrête pas là. Deux ans plus tard, la LIP Electronic est dévoilée. C'est la première montre-bracelet électronique au monde, signant un véritable tournant technologique. De retour au pouvoir, De Gaulle la porte alors pour promouvoir le savoir-faire tricolore.
« On fabrique, on vend, on se paie »
Mais l'arrivée du quartz dans les années 70 chamboule tout. Malgré ses innovations, LIP subit une concurrence rude et dépose le bilan en 1973. C'est à ce moment que commence la fameuse « affaire LIP ». Les ouvriers de l'usine se mettent en grève et l'événement, emblématique de l'après-Mai 68, connaît un retentissement dans tout le pays. Les salariés, qui occupent le site, expérimentent l'autogestion. Tous se réunissent derrière le slogan « On fabrique, on vend, on se paie ». Ils s'emparent du stock, reprennent l'activité et se versent leurs salaires. Si le mode de fonctionnement ne dure pas, il n'en reste pas moins atypique et continue de fasciner encore aujourd'hui.
Malgré le lancement de la futuriste Mach 2000 en 1975, les faillites s'enchaînent. La marque survit en grande distribution en vendant des produits à prix accessibles avant de revenir aux fondamentaux en 2003 avec la Mythic et ses trois disques rotatifs.
La renaissance d'une marque culte
Le vrai renouveau passe par un retour aux sources : l'assemblage revient dans le Doubs après une période de délocalisation grâce à un accord avec la Société des montres bisontines (SMB). Dès 2015, les premières nouvelles montres « made in Besançon » sortent des ateliers. Les modèles mythiques (Churchill, De Gaulle, Himalaya) et les designs des années 70 s'offrent une seconde jeunesse.
La dynamique se confirme. Depuis 2020, LIP profite d'un nouvel atelier près de Besançon. En 2025, l'entreprise renoue avec ses premiers amours en dévoilant le R26, son premier mouvement mécanique depuis l'ère Fred Lip. L'histoire LIP est faite de rebondissements et de multiples révolutions. Elle continue d'incarner l'excellence horlogère française, perpétuant un savoir-faire d'innovation et de qualité, désormais ancestral. De quoi remettre les pendules à l'heure !
Auteur : Thomas L
Crédit Photo : Musée Lip

