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La folle histoire du Gore-Tex
Publié le 6 juin 2025 à 09h25

Des expéditions polaires aux devantures des grandes marques d’outdoor, le Gore-Tex a glissé de la haute montagne aux hautes sphères du cool. Derrière cette matière imperméable révolutionnaire, une success-story à la croisée des chemins entre techno, outdoor et streetwear.
Au départ, rien de très fashion. Le Gore-Tex, c’est d’abord une innovation technique : une membrane microporeuse inventée en 1969 par Bob Gore, capable de bloquer la pluie tout en laissant passer la transpiration. Le truc parfait pour les alpinistes, les pompiers, les militaires… ou les astronautes ! En effet, même la NASA l’a utilisée dans les années 80 pour ses combinaisons.
Cette matière miracle s’impose très vite comme le Saint Graal de la performance dans les années 80 et 90. Sauf qu’à l’époque, elle reste confinée aux vestiaires de l’outdoor. Jusqu’à ce que la mode décide de s’en mêler.
L’arrivée du gorpcore
Dès les années 2000, le Gore-Tex gagne du terrain hors des sentiers battus. Mais c’est dans les années 2010 que tout s’emballe, avec l’arrivée du "gorpcore" - ce courant qui injecte de l’outdoor dans la mode quotidienne. Gorp, pour "Good Old Raisins and Peanuts", le snack des randonneurs : tout est dit. L’idée ? Porter des vêtements conçus pour affronter les pires intempéries… même pour aller chercher son café en bas de chez soi.
De North Face à Arc’teryx en passant par Salomon, le Gore-Tex devient un signe de distinction. Les marques street s’en emparent, les stylistes la détournent. À New York, Londres ou Tokyo, on mixe désormais du Gore-Tex avec un jean baggy, un hoodie vintage ou un sac techwear. C’est le style de ceux qui veulent avoir l’air de revenir d’un trek alors qu’ils sortent du métro.
Technique mais toxique ? L’envers de la membrane
Mais derrière cette hype, le Gore-Tex a aussi dû faire sa mue. Longtemps fabriqué à base de PFOA, un produit chimique classé comme polluant éternel, il a été au cœur de plusieurs controverses environnementales. C’est ce qu’a révélé l’avocat Rob Bilott dans l’affaire DuPont, qui a inspiré le film Dark Waters avec Mark Ruffalo.
Depuis 2013, la marque Gore-Tex a réagi, en développant des membranes sans PFC et en revoyant ses procédés de production. L’entreprise promet désormais un futur plus clean – car les nouvelles générations de consommateurs sont exigeantes : elles veulent du style, de la perf… mais aussi de l’éthique.
Longtemps vu comme un textile technique réservé aux sportifs, le Gore-Tex s’est fondu dans le paysage streetwear pour devenir une matière statutaire. Il coche toutes les cases de l’époque : fonctionnalité, résistance, storytelling et désormais durabilité, à condition que les polluants éternels disparaissent de la chaîne de production pour de bon.
Auteur : Marin TDM
Crédit Photo : Lorado/iStock