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Le maillot de rugby, de la mêlée au vestiaire
Publié le 12 septembre 2025 à 12h48

Alors que l'Angleterre accueille l'une des Coupes du monde de rugby féminin les plus suivies de l'histoire, les projecteurs ne se contentent pas d'éclairer le terrain. De quoi nous donner des envies de revisiter le vestiaire de ce sport à l’élégance mésestimée.
On peut l'appeler maillot, polo (même si le terme est normalement réservé au sport du même nom) ou rugby shirt. Peu importe le nom, ça reste cool. Cette pièce iconique est passée des mêlées aux podiums, des clubs anglais aux campus américains, avant d'être adoptée par la rue puis revisitée par les créateurs les plus avisés. Robuste, rayée, reconnaissable entre mille, elle incarne à la fois l'héritage d'un sport âpre et l'audace d'une pièce qui n'a cessé de se réinventer.
Né sur le gazon anglais
Pour comprendre son aura, retour aux années 1830. L'histoire débute à la Rugby School, prestigieux établissement du Warwickshire, où un nouveau jeu bouscule les codes. Plus physique, plus intense que le football traditionnel, il exige une tenue à la hauteur.
Les premiers joueurs arborent des chandails en laine et des pantalons immaculés. Élégant sur le papier, totalement inadapté à la réalité des mêlées. Rapidement, on troque la laine fragile contre un coton épais, résistant et respirant. Quant aux rayures horizontales, elles permettent de distinguer les clubs sur le terrain. Chaque détail naît de la nécessité. Mais très vite, l'utile se double d'un style singulier.
Essai transformé : le chic Ivy League
Au milieu du XXe siècle, le maillot s'évade des terrains pour investir le vestiaire du quotidien. Sur les campus de l'Ivy League, il devient l'uniforme tacite d'une jeunesse en quête d'élégance décontractée. Porté ample, associé au chino beige ou au jean brut, il incarne un certain art de vivre : sportif mais raffiné, désinvolte mais jamais négligé.
Ralph Lauren fait partie des premiers à saisir le potentiel de cette pièce. Dès les années 1970, il l'intègre dans son univers preppy, transformant ses rayures contrastées en emblème d'une génération chic et insouciante. Le maillot cesse alors d'être un simple souvenir de pelouse pour devenir une promesse de style.
La rue rentre en jeu
L'histoire ne s'arrête pas aux pelouses manucurées et aux campus feutrés. Dans les années 1990, un autre mouvement s'empare de cette pièce : le hip-hop. Des artistes comme le Wu-Tang Clan ou Tupac adoptent ces rayures larges et colorées, souvent dans des versions oversize. La chemise de rugby devient manifeste visuel, symbole d'attitude et de confiance. Plus qu'un vêtement, elle incarne une posture : détourner un code élitiste pour en faire l'étendard de la rue.
Aujourd'hui (avec ou sans événement sportif notable), le maillot de rugby opère son grand retour. Des labels comme Rowing Blazers, Drake’s ou Palace se réapproprient cette icône avec respect et audace. Leur approche ? Préserver son ADN (coton épais, col blanc, rayures franches) tout en la modernisant via des palettes inattendues, des coupes plus larges ou des détails décalés.
Le résultat ? Un caméléon vestimentaire capable de jouer tous les registres. Glissé sous un blazer en tweed, il conserve son esprit preppy. Marié à un jean large et des sneakers, il flirte avec la street culture. Dans tous les cas, il demeure immédiatement identifiable.
Guide de style : l'art de le porter
Version oversize : Ample et relâché, avec un denim brut et des baskets rétro, pour un clin d'œil au hip-hop des 90s.
Version smart-casual : Glissé sous une veste de travail ou un blazer, il injecte une touche sportive dans un look raffiné.
Version graphique : Osez les rayures contrastées, équilibrées par des basiques monochromes.
À la fois héritage sportif et objet de désir mode, il joue avec les codes sans jamais perdre son identité. Cette Coupe du monde agit comme un révélateur : soudain, ces rayures nous semblent évidentes. Comme si cette pièce n'attendait que ce moment pour s'imposer à nouveau dans nos désirs. Entre héritage et modernité, le polo de rugby signe son grand retour... et on a déjà hâte de succomber.
Autrice : Carla P
Crédit Photo : Pinterest