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Les costumes de scène ont aussi droit à une seconde vie
Publié le 12 avril 2024 à 09h48
Tricornes, robes de chambre, jupons… les ateliers des théâtres et des opéras organisent leur déstockage pour rendre nos dressings toujours plus uniques, tout en s’inscrivant dans la tendance de la seconde main. Alors, plutôt Sganarelle ou Carmen ?
Chaque saison, le monde du spectacle se réinvente avec de nouvelles pièces et mises en scène. Mais que deviennent les costumes une fois que le rideau tombe ? Entre archivage et poubelle, la question trouve désormais des réponses originales grâce à une tendance de plus en plus répandue. De nombreux lieux culturels organisent des ventes spéciales, offrant ainsi une seconde vie aux costumes revêtus par les artistes.
Depuis plus de trois siècles, la Place Colette à Paris attire une foule d'amateurs de théâtre. Cependant, le lieu n’est pas uniquement fait pour les spectateurs en manque de monologues. Les passionnés de costumes s’y retrouvent aussi. En effet, la Comédie-Française a ouvert ses réserves, proposant à la vente, chaque jeudi, une trentaine de costumes allant de 50€ à 500€. Ces pièces, confectionnées dans les ateliers de la Comédie-Française et portées sur scène par la troupe, retracent l'histoire de la Maison et incarnent la mémoire du Répertoire. C'est une opportunité pour les acheteurs de faire revivre ces pièces en les intégrant à leur garde-robe vintage ou à leurs soirées costumées. L’idée est de « faire de la place », précise Martine Villemot, déléguée à l’activité commerciale au Monde, parmi les 50 000 pièces conservées dans les réserves.
Des vide-dressing pas communs
Faire de la place, oui, mais pas que. C’est aussi l’opportunité de permettre à des petites troupes de récupérer des pièces incroyables ou tout simplement pour des gens stylés de faire des emplettes. En janvier 2024, l'Opéra Comédie de Montpellier a organisé un déstockage de plus de 1500 costumes de scène provenant de ses anciennes productions. L'événement, imaginé par Valérie Chevalier, sa directrice générale, visait à offrir une seconde vie à ces costumes qui sommeillaient dans les réserves de l'opéra. Au cœur de la politique RSE de l'Opéra Orchestre, le réemploi et le recyclage des éléments de scène, des décors aux costumes, sont mis en avant. Chemises à carreaux vintage, armures médiévales, grandes robes d'époque, kimonos en soie, vestes militaires ou en jean, cette vente a proposé une variété de vêtements pour tous les goûts et toutes les bourses, avec des tarifs compris entre 3 et 200 €.
Soutenir la création à travers des enchères artistiques
Recycler ou réutiliser peut donc être un premier pas vers une politique plus durable dans le monde de la Culture. Certaines institutions veulent aller au-delà du réemploi en vendant des costumes et accessoires pour soutenir des projets artistiques et éducatifs. En 2021, l'Opéra de Vienne avait organisé une vente aux enchères où les costumes les plus simples se négociaient à quelques centaines d'euros, tandis que les plus luxueux atteignaient jusqu'à 5500 euros. Récemment, l'Opéra de Paris s'est associé à Sotheby's pour une vente intitulée « Auction for Action, Bid for Creation ! », offrant des lots variés allant de costumes de scène à des expériences uniques comme le Menu Opéra à 4 mains par le chef Mauro Colagreco et le baryton Ludovic Tézier. Les fonds récoltés sont destinés à des initiatives visant à renforcer l'engagement de l'Opéra envers la société, notamment des avant-premières pour les jeunes, des offres familiales et des programmes éducatifs. Cette démarche s'inscrit dans la campagne de mécénat « Mon Opéra Responsable et Engagé ».
Ces ventes de costumes de scène pourraient bien ouvrir une nouvelle ère pour les institutions culturelles, les incitant à embrasser une logique de réemploi qui s'inscrit parfaitement dans une démarche de durabilité. En libérant l'espace encombré de leurs réserves, ces institutions font non seulement rayonner leur savoir-faire artisanal et artistique, mais contribuent également à façonner un avenir plus respectueux de l'environnement. Et ça marche ! Aussi bien pour les théâtres que les particuliers et amateurs de spectacle. Ces derniers trouvent dans ces ventes une opportunité unique d'acquérir des costumes de qualité à des prix abordables, tout en participant à la préservation de cet héritage culturel au-delà des planches.
Autrice : Carla P
Crédit Photo : Theofilos Koutroumanis/iStock