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L'objet du désir : la tong nous fait du pied

Publié le 13 août 2025 à 08h45

Ribambelle de tongs colorées sur fond bleu
Ribambelle de tongs colorées sur fond bleu

La tong devient l'objet de tous les désirs. Oui,cette chose en plastique que vous planquez au fond de votre placard coûte désormais plusieurs centaines d'euros et se porte au restaurant. Enquête sur un phénomène qui défie toute logique.

Avouons-le tout net : la tong, c'est objectivement laid. Ce bout de plastique qui claque mollement sur le bitume, la lanière qui scie les orteils, et sa prolifération sur les bords de mer dès qu'un peu de soleil pointe son nez... Pourtant, c'est la pompe la plus hot du moment.

En 2025, on ne craint pas de porter des tongs à plusieurs centaines d'euros pour aller dîner ou faire son marché, c'est un statement. L'actrice et mannequin Emily Ratajkowski le fait, Pharrell Williams chez Louis Vuitton aussi. Même Jennifer Lawrence, au style pourtant pointu, n’a pas résisté au chant des sirènes. L'ère du « plus c'est moche, plus c'est cool » a encore de beaux jours devant elle.

De Toutankhamon au red carpet : 3 500 ans d'évolution

Ironie du sort, cette « révolution » mode a en fait... 3 500 ans. Dans la tombe de Toutankhamon, des dizaines de paires de sandales à lanière dorées et cérémonielles ont été trouvées. Des travailleurs aux familles royales, en 1500 avant J.-C., c’est toute la société égyptienne qui portait ces sandales tressées en papyrus. 

Au Japon, les zōri en paille de riz accompagnent aussi le quotidien depuis des siècles. Mais après 1945, tout bascule : les GI américains ramènent avec eux ces designs venus d’Orient, les adaptent en caoutchouc, et bam ! Le terme « flip-flop » naît du bruit qu'elles font sur le trottoir. Quelques années plus tard, alors que la Californie surfe sur la vague hippie, les claquettes deviennent le symbole de cette liberté hédoniste. Cheap, pratiques, faciles à enfiler : l'anti-chaussure par excellence. Les Australiens les appellent « thongs », les Sud-Africains « plakkies ». Chaque pays s'approprie ce bout de semelle universel.

Bientôt, c’est une petite révolution qui s’opère un peu plus au sud du continent américain, plus précisément au Brésil. En 1962, la marque Alpargatas lance Havaianas en copiant carrément la texture « grain de riz » des semelles japonaises. À l’origine, le produit est pensé pour les classes populaires, bon marché, fonctionnel, presque jetable. Puis vient 1969. Une erreur d’assemblage en usine entraîne la production accidentelle de paires aux lanières vertes, au lieu du bleu réglementaire. Contre toute attente, les clients adorent. Bingo ! Les couleurs vives deviennent LA signature de la marque. Aujourd'hui, il s’en écoulerait près de 230 millions de paires par an. Au Brésil, 94% de la population en possède au moins une

Comment adopter la tong en 2025 (avec style)

Désormais adoubée par la mode, la tong s’appréhende comme une pièce à part entière : ni accessoire de confort, ni gadget ironique. En 2025, elle se choisit avec soin, se porte avec intention, et s’intègre dans une silhouette construite. Matières nobles, avec ou sans talons, lignes sobres, coloris maîtrisés : les modèles en cuir ou en néoprène remplacent le plastique bon marché. 

Côté style, tout est affaire d’équilibre : un pantalon fluide, un ensemble tailoring, une robe longue… autant de façons de détourner la tong de son imaginaire balnéaire sans lui faire perdre sa désinvolture. Et pour les irréductibles du recyclage, sachez que certaines tongs, une fois leur vie pédestre achevée, finissent parfois... en vases. Une chaussure modeste qui, cette saison, avance à pas sûrs.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : pepifoto/iStock

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