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L'objet du désir : Le survêt’ Adidas
Publié le 30 mai 2025 à 15h40

Peu de vêtements ont traversé les décennies avec autant d'impact culturel que le survêtement Adidas. Trois bandes iconiques le long des bras et des jambes. Une simple fermeture éclair. Né sur les terrains de sport mais destiné à devenir un symbole universel de style, brouillant les frontières entre performance athlétique et expression culturelle.
Pas besoin de fouler les pistes d’athlétisme ou d’être fan de foot pour le (re)connaître. À l’instar d’un jean 501, le tracksuit Adidas est un artefact culturel qui incarne simultanément le confort décontracté, une assurance inébranlable et une mémoire collective partagée.
Adidas a-t-il inventé le survêt ? La réponse est non. Croyez-le ou non, c’est en France, royaume de l’élégance et du raffinement, qu’est né le concept. En 1939, le Coq Sportif lance « le costume du dimanche », première tentative de survêtement grand public, en rupture avec l’austérité du costume-cravate. Mais dans un contexte d’entrée en guerre, c’est un flop. Il faudra attendre 1967 pour qu’Adidas redéfinisse le genre. En collaboration avec le footballeur Franz Beckenbauer, la marque crée un survêtement alliant fonctionnalité, respirabilité et esthétique, immédiatement reconnaissable à ses emblématiques trois bandes. Ce vêtement technique s'impose partout - des salles d'entraînement aux podiums olympiques - ancrant dans la performance le début de sa riche histoire.
De ses origines à son statut d'icône : l'ascension fulgurante
C'est dans les rues, loin des stades, que se joue le deuxième acte. Direction New York, les années 1980, où le mouvement hip-hop s’empare du vêtement. Le groupe Run-D.M.C. en fait un symbole identitaire, porté fièrement avec des Adidas Superstars sans lacets. Leur morceau « My Adidas », véritable hymne à cette esthétique de rue, leur permet de signer un contrat inédit avec la marque. Cette alliance transforme Adidas : sans abandonner sa légitimité sportive, la marque s'implante durablement dans le paysage urbain, redéfinissant simultanément l'équipement sportif comme objet culturel et la mode urbaine comme héritage technique.
Sur grand comme sur petit écran, le survêtement s’impose comme un personnage à part entière. Dans Les Affranchis de Martin Scorsese, puis dans Les Soprano, il véhicule une autorité paradoxale - décontractée en apparence mais pas moins redoutable que les costumes traditionnels de ces messieurs
Cette capacité du survêtement à définir des identités visuelles fortes traverse les genres. Aux antipodes de l'univers mafieux, chez Wes Anderson, Chas Tenenbaum et ses fils, dans La Famille Tenenbaum, portent des ensembles rouges à la fois symbole de ralliement et d’armure émotionnelle. Du crime organisé au drame familial stylisé, le survêtement ne se contente plus d'habiller : il raconte.
Parallèlement, en Europe de l’Est, le survêtement Adidas devient l’uniforme des gopniks, jeunes issus de la classe populaire post-soviétique. À la fois accessible et perçu comme un signe de ralliement, il devient un marqueur culturel fort. Moqué par l’Occident, ce look finit pourtant par influencer les podiums grâce à des créateurs comme Gosha Rubchinskiy ou des marques comme Vetements ou Balanciaga , qui en font un objet de mode conceptuelle.
Mais le survêtement ne s’arrête pas là : il conquiert aussi la scène pop internationale. Dès les années 90, les Spice Girls en font un emblème de girl power décomplexé, avec leurs silhouettes sport-chic devenues iconiques. Gwen Stefani, avec son style street-glam, l’adopte également, brouillant les frontières entre hip-hop, punk et pop. Même les actrices comme Blake Lively, habituée des looks sophistiqués, crée la surprise en arborant un ensemble Balenciaga x Adidas à l’occasion d’un match de football américain. Si on frise le cosplay, il n’y a pas de doute : les trois bandes restent la ref.
Dans les années 2010 et au-delà, Adidas multiplie ainsi les collaborations — avec Palace, Pharrell Williams, Rita Ora, Gucci — et renforce son ancrage dans la culture populaire. Les Beckham, véritables icônes de style, ne sont pas en reste : Victoria dans une veine luxe décontractée, et David, fan de longue date de la marque aux trois bandes, participent à ce regain d'intérêt. La nostalgie des années 70 à 2000, combinée à l’essor des réseaux sociaux, en fait un incontournable du vestiaire contemporain. Sur TikTok, ce vêtement traverse les générations, simultanément parodié, célébré et réinterprété, incarnant un style qui réconcilie confort, histoire et référentialité.
Bien chiner son jojo en 3 incontournables
Pour ceux qui recherchent du nylon authentiquement vieilli, voici les principaux identifiants lors de la chasse au véritable survêtement Adidas vintage :
1. L'étiquette
Les survêtements d'avant les années 1990 comportent souvent une étiquette bleue avec le logo « trèfle » marquée « Made in West Germany, » « Yugoslavia, » ou « France. » Recherchez les designs d'étiquettes en ligne, des guides de collectionneurs détaillent les variations par décennie.
2. Le logo
Logo trèfle (design à trois pétales) = conception d'avant 1997, indiquant un véritable vintage.
Logo de performance à trois barres (design triangulaire) = post-1997, contemporain mais pas vintage.
3. Matière et coupe
Les survêtements plus anciens présentent généralement un polyester plus épais et texturé — parfois avec une finition satinée. De plus, il ne faut pas hésiter à chercher des coupes plus amples, des manches chauve-souris, des chevilles élastiques et des couleurs bien criardes d’époque !