Vous marchez tranquillement chez vous quand, soudain—aïe ! Vous venez de vous cogner le petit orteil contre le pied de la table. Sans même y penser, un gros mot fuse de votre bouche. Et, curieusement, la douleur semble s'atténuer. Plus tard, après une journée où tout est allé de travers, vous retrouvez des amis pour leur raconter à quel point votre journée a été exaspérante. Et là, c’est comme si un poids s'envolait. Jurer et râler ne sont peut-être pas les comportements les plus appréciés socialement, mais ils ont de réels bienfaits sur notre bien-être.

Jurer, un exutoire efficace

On vous a peut-être dit que jurer était vulgaire ou inutile. Pourtant, selon une récente étude venue d’Angleterre, ce serait un véritable outil pour atténuer la douleur et libérer des tensions. Lorsque l’on jure sous le coup d’une douleur soudaine, le cerveau libère de l’adrénaline, ce qui augmente notre tolérance à la souffrance. Ce phénomène explique pourquoi lâcher un juron nous donne l’impression de mieux supporter une situation désagréable.

Jurer ne se limite pas à la gestion de la douleur. Cela permet aussi de canaliser le stress et d’évacuer la frustration. Lorsqu’on exprime son agacement à travers des mots crus, on libère une tension accumulée, évitant ainsi qu’elle ne se transforme en anxiété ou en agressivité refoulée. Les auteurs de cette étude avaient déjà suggéré en 2018 que jurer pourrait même améliorer les performances physiques en renforçant la motivation et l’endurance. Un simple juron lâché pendant un effort intense pourrait stimuler nos capacités musculaires et notre résistance à la fatigue.

Râler, un moyen d’exprimer ses émotions

Se plaindre a mauvaise réputation, souvent associée à du pessimisme ou à une attitude négative. Pourtant, râler de manière constructive permet de mieux gérer le stress et d’exprimer ses émotions de façon saine. En verbalisant ce qui nous dérange, on prend du recul et on évite de garder en soi une frustration qui pourrait s’accumuler et générer encore plus de tension.

Râler joue aussi un rôle social. Partager son exaspération avec quelqu’un crée une forme de complicité et renforce les liens. Qui n’a jamais ressenti une certaine satisfaction en se plaignant d’une situation agaçante avec un collègue ou un ami ? Ce type d’échange favorise l’entraide et le soutien mutuel.

Toutefois, il est essentiel de différencier la plainte constructive de la plainte répétitive et toxique. Se plaindre de manière excessive ou sans chercher de solution peut rapidement devenir un cercle vicieux, affectant notre moral et celui de notre entourage. L’idéal est de râler pour se défouler, puis de chercher un moyen d’améliorer la situation.

Pourquoi cela fonctionne-t-il ?

L’être humain a besoin d’exprimer ses émotions, qu’elles soient positives ou négatives. Jurer et râler sont des mécanismes naturels qui nous permettent d’extérioriser nos ressentis et d’éviter d’accumuler des tensions inutiles. À l’inverse, réprimer en permanence ses frustrations peut conduire à une accumulation de stress, favorisant l’irritabilité et les tensions internes.

Les bienfaits de ces comportements tiennent aussi au fait qu’ils nous aident à mieux affronter les difficultés. En lâchant un juron ou en exprimant une plainte, on reprend le contrôle sur la situation, au lieu de la subir passivement. Cela permet d’éviter le sentiment d’impuissance et de mieux gérer les émotions négatives.

Finalement, jurer et râler ne sont pas de simples signes d’agacement, mais de véritables outils pour mieux gérer nos émotions et notre stress. Un bon gros mot bien placé peut soulager la douleur et booster la motivation, tandis qu’une râlerie bien sentie permet de relâcher la pression et de créer du lien social. Tout est une question d’équilibre : il s’agit d’utiliser ces exutoires de manière intelligente, sans tomber dans l’excès. Alors, la prochaine fois que vous vous cognez le pied ou que votre journée tourne au cauchemar, autorisez-vous à lâcher prise… mais avec discernement !

Autrice : Carla P

Crédit photo : Andrii Iemelyanenko/iStock