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Teinture végétale et linge de maison, WHOLE colore son monde

Publié le 22 juin 2022 à 22h00

Teinture végétale.
Teinture végétale.

Saviez-vous qu’on pouvait obtenir une très belle couleur rose avec de l’avocat ou qu’on pouvait utiliser les déchets végétaux pour teindre des vêtements ? L’atelier créatif WHOLE, fondé par la créatrice engagée Aurélia Wolff, propose des ateliers pour apprendre ces techniques de teinture végétale. Entretien.

Laboratoire de couleur et de pédagogie éco-vertueux, WHOLE est l’acronyme anglophone de Wastefree (zéro déchet), Hand-dyed (teint à la main), Organic (biologique), Local, Eco-friendly (éco-responsable). Aurélia Wolff a fondé cet atelier de teinture en plein centre de Paris, dans le treizième arrondissement, quartier historique des tanneurs et des teinturiers, jadis bordé par la Bièvre. Accompagnée de Mathilde et de Lucie, elles ne travaillent que des fibres naturelles, sourcées en France issues de tissages 100% locaux et des plantes choisies pour leurs propriétés techniques et esthétiques provenant de projets responsables, principalement d'Europe. 

Passionnée par la botanique et l’art tinctorial, Aurélia Wolff a accepté de nous parler de sa création depuis l’île de La Réunion où elle réside temporairement pour explorer la richesse végétale locale. Rencontre.

L’avenir a du bon : Comment est né le projet Whole ?

Aurélia Wolff :

Je travaille dans le textile depuis 10 ans. J’ai commencé par la mode prêt-à-porter pour femme avec déjà une démarche engagée et en ne fabriquant qu’en France, tout en collaborant avec des organismes de réinsertion. L’envie de travailler principalement la matière s’est fait ressentir et j’ai décidé d’entrer dans une phase d’expérimentation vers 2012-2013 en créant une marque autour de la décoration, de la mode enfant et des accessoires. La première collection sortie en 2012 a reçu un excellent accueil. 

Aurélia Wolff faisant une teinture.
Aurélia Wolff faisant une teinture.

Pourquoi est-ce important pour vous d’avoir un jardin ?

AW :

Cet espace a plusieurs vocations : expérimentale, esthétique et pédagogique. Il permet de s’engager dans l’agriculture urbaine : on plante, on teste, on fait des échantillons de production avec les fleurs que nous faisons pousser, on peut jeter nos bains de peinture dans le jardin pour recycler les eaux usées. Si ce jardin ne suffit pas à nous permettre de cultiver pour la production, il est déterminant dans nos expérimentations et il s’inscrit dans nos valeurs : la sensibilisation au vivant, à la biodiversité, à la permaculture.

Pourquoi se spécialiser dans la teinture végétale ? 

AW :

Je suis une amoureuse de plantes, de botanique, de peintures. La couleur a toujours été le point de départ de toutes mes créations. C’est une voie extrêmement prometteuse car elle correspond à un aspect esthétique fort et à mes valeurs. Je me suis formée avec Michel Garcia, un des plus grands spécialistes de teinture végétale en France, il continue d’ailleurs à me suivre et à me conseiller.

La teinture invoque aussi plein de disciplines fascinantes ! Elle mélange chimie, histoire, artisanat, c’est une richesse énorme et une alternative à la teinture de synthèse issue de la pétrochimie. Plus nous sommes nombreux à tester et à imaginer des façons de créer de manière contemporaine, plus nous pourrons attirer les consommateurs vers une autre approche qui sera indispensable à un moment donné.

Il ne s’agit pas non plus que de colorer, on travaille également sur l’impression et des jeux de technique avec le tissage ou sur l’élaboration de bio-mordants d’origine végétale qui un jour pourrait devenir une bonne alternative en adjuvant pour fixer la couleur et remplacer le mordant d’alun. 

Produits WHOLE.
Produits WHOLE.

Qu’est-ce que cela change au quotidien ?

AW :

Il n’y a aucun contrôle aujourd’hui sur les teintures. C’est une industrie assez opaque. On essaye de faire certifier nos teintures pour être dans la transparence et d’être dans l’utilisation du « moins possible » : faire en sorte que ce soit plus écologique, phytosanitaire. 

On ne travaille que des fibres naturelles avec un colorant naturel avec des plantes dont les propriétés peuvent se transférer dans le tissu, pourquoi ne pas imaginer des tissus qui pourraient être anti-UV ou antibactérien ?

Comment vous est venue l’idée d’animer des ateliers ?

AW :

On adore faire ça ! On fait toujours le même programme mais ça ne se passe jamais de la même manière. Et puis il y avait de la demande. On travaille avec WeCanDoo, une startup qui met l’accent sur les techniques artisanales et propose aux particuliers de découvrir différents corps de métier et de créer avec nous. 

Avec notre nouvel atelier, nous pouvons accueillir des groupes de 6 à 8 personnes. Il y a plusieurs formules qui s’adressent surtout à des particuliers mais aussi des programmes sur mesure pour les professionnels en ligne où on expérimente ensemble comme il m’arrive aussi d’intervenir dans des écoles. La transmission, c’est très important.

Fleurs séchées.
Fleurs séchées.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : WHOLE

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