C’est une très bonne question, même s’il est assez fréquent de ne pas voir ce qui est juste devant nos yeux. Disons que j’ai eu la chance de voir la beauté et l’intérêt de ces vêtements avant les autres. Après, je suis journaliste et une vraie investigatrice dans l’âme. J’adore croiser les informations, aller à la source et persévérer. C’est mon adrénaline. Dans une autre vie, j’aurais peut-être pu être détective privée. Pour ce livre, j’ai passé des centaines d’heures à faire des recherches en ligne et dans des bibliothèques, c’était fastidieux !

Acheter une pépite vintage, c’est plus qu’une simple trouvaille vestimentaire. C’est un fragment d’histoire, de patrimoine matériel et immatériel. C’est un objet où se niche un savoir-faire, des traditions couturières et ouvrières, des éclats d’âme et de beauté. C’est une émotion. L'une des premières pièces que j’ai trouvées pour le livre, c’était une robe en soie des années 1980 de la marque Pisanti. Je l’ai tellement aimée que j’ai voulu en savoir plus sur cette marque et son histoire. Avec mes recherches, j’ai rencontré Alexandra Pisanti, la fille de la créatrice. Je me suis plongée dans l’histoire de leur famille et aujourd’hui, c’est devenue une amie.

Non ! Comme j’ai trouvé une méthode pour dénicher des pièces incroyables à moins de vingt-cinq euros, je ne vois plus vraiment l’intérêt d’acheter du neuf.

Sans trop en dire, il existe en effet quelques petites techniques pour trouver les pièces qu’on veut. Souvent, comme ces marques sont tombées dans l’oubli, elles ne sont pas renseignées dans la description des articles. Cela nécessite un petit travail d’investigation, mais vous pouvez choisir de regarder uniquement des vêtements dont l’état est satisfaisant ou bon. Une petite tâche ou un accro, ce n’est pas si grave et cela permet de nous éviter de tomber sur des vêtements trop récents. Ensuite, vous pouvez faire une recherche par matière. Par exemple, le Banlon, une matière en polyamide extensible lancée en 1954, permet d’ancrer une pièce dans cette époque. Idem pour la Courtelle, une fibre acrylique créée en 1948 en Grande-Bretagne.

Jusque dans les années 1990, il y avait une vraie culture du tissu et de la matière, et c’était bien plus valorisé qu’aujourd’hui. Malheureusement, cette connaissance s’est perdue et les belles matières sont désormais réservées à quelques initiés qui peuvent se permettre de dépenser de grosses sommes dans leurs vêtements.

Disons que si vous avez la bonne méthode, c’est plus facile. Autre avantage : vous n’avez pas besoin de passer des heures dans des cartons pour trouver quelque chose qui vous intéresse moyennement. Je conseille tout de même d’identifier en amont le produit que vous voulez : une mini-robe, un polo, une chemise en flanelle… et les marques qui se sont illustrées dans la confection de ce type de vêtements.

Oui ! Reprenons l’exemple de Pisanti. On trouvait des pièces de cette marque uniquement dans des corners dans des étages luxe des grands magasins. Alors quand on voit que les vêtements coûtent moins de vingt euros aujourd’hui, c’est assez incroyable ! J’aime bien parler de symétrie du savoir, un concept économique où il y a les sachants d’un côté et ceux qui ignorent la valeur de ce qu’ils possèdent de l’autre. Le savoir donne beaucoup de pouvoir.

Pour moi, ce qu’il se passe aujourd’hui dans la mode vintage, c’est ce qu’il s’est passé il y a vingt ans dans le design d’objet. Des marques et des créateurs ont été remis au goût du jour et valorisés dans des documentaires et des livres par des spécialistes, et c’est ce que j’espère faire avec la mode française.

Oui, c’est déjà prévu ! En attendant, j’organise des défilés dans toutes les régions de France avec ces pièces de marques disparues et je serai également présente au salon du vintage l’an prochain. Avis aux amateurs !