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L’exposition "Végétal, l'école de la beauté", une ode à la Nature

Publié le 28 juillet 2022 à 22h00

Chaumet, Tiare Epi de Blé
Chaumet, Tiare Epi de Blé

L’exposition « Végétal, l'école de la beauté », présentée aux Beaux-Arts de Paris, est un havre de paix et une déclaration d’amour à la botanique. Une invitation à jeter un regard nouveau sur le monde vivant, à travers l’art et le beau. 

Au bout du grand escalier des Beaux-Arts, une grotte. La pénombre et le silence plongent le visiteur curieux dans une atmosphère calfeutrée, douce, particulièrement appréciable en cette chaude matinée d’été. Le calme se dissipe peu à peu dans la Forêt où se joue le premier mouvement de la Symphonie n°4 de Louis Spohr, mélodie délicate rappelant un ruisseau suivant son cours et le vent dans les feuilles. On y évolue d’un pas discret, comme si on se baladait dans les bois sur un tapis de mousse délicat. Ce n’est pas une forêt ordinaire. 

Parmi les feuilles et branches, qu’elles soient séchées ou esquissées avec une précision déconcertante, on découvre des tiares, des broches, des bracelets scintillant de mille feux, œuvres délicates et hypnotisantes de Chaumet qui, depuis 242 ans, rendent hommage à l’art de la botanique. Le vivant a une place particulière pour cette Maison de joaillerie puisque son fondateur Marie-Étienne Nitot se décrivait lui-même comme un joaillier-naturaliste, inspiré par la beauté des plantes et l'organisation mathématique de leurs structures.

Gustave Caillebotte, Chrysanthèmes Blancs et Jaunes 1893. Huile sur toile
Gustave Caillebotte, Chrysanthèmes Blancs et Jaunes 1893. Huile sur toile

Imaginée par le botaniste et l’ancien responsable de l’herbier national au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris Marc Jeanson, Végétal, l'école de la beauté se présente comme un herbier avec sept « univers-paysage » : la grotte, la forêt, l’estran, la roselière, l’ager et l’hortus, le mille-fleur. D’après ce dernier, cette exposition reflète la nouvelle vocation du botaniste du XXIe siècle : contribuer à changer le regard du public sur le monde vivant. 

Déconstruire le monde végétal à travers l’art

Éco-conçue avec le concours de la Maison Chaumet, le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, du musée d’Orsay et du musée du Louvre, cette exposition marque aussi l’engagement des acteurs du monde de l’art en faveur du développement durable. Ainsi, elle a été créée en tenant compte de l’empreinte carbone de tous ses aspects et privilégiant l’analyse du cycle de vie, le réemploi, le recyclage et la valorisation énergétique de tous ses éléments.

Sans chronologie particulière, l’exposition laisse les différents éléments s’épanouir ensemble dans les champs ou sur les bords de mer. Les regards se croisent, les perspectives se répondent. De l’Art Nouveau à nos jours, on découvre comment le monde végétal a été déconstruit par les artistes désireux de s’approcher de cette perfection féérique, de reproduire les mouvements élancés des roseaux, de comprendre le mystère des algues. Aux bijoux se joignent les œuvres d’Otto Dix à Eva Jospin en passant par Robert Mapplethorpe et Sarah Bernhardt, dont on découvre les moulages en bronze.  En tout 5 000 ans de création, 400 œuvres d’art, peintures, sculptures, textiles, photographies, mobilier et objets joailliers de diverses maisons entrent en dialogue pour tenter de décoder la relation qui lie la créativité et le monde végétal.

Chaumet, dessin de broche
Chaumet, dessin de broche

Il faut bien reconnaître que la Nature a su inspirer les artistes depuis la nuit des temps. Aussi mystérieuse qu’éphémère, elle fascine par ses détails merveilleux, ses motifs, ses couleurs, d’autant plus quand elle est sublimée par l’art, de la peinture à la joaillerie d’exception. Chaque œuvre représente un spécimen végétal avec une minutie naturaliste et une fascination sans borne. Même dans les pièces les plus complexes, les artistes ne cherchent pas tant à sublimer une plante, une fleur, une feuille mais à lui rendre hommage comme si elle demeurait la création la plus sublime et inégalable. Une belle leçon d’humilité et de révérence au monde naturel qui nous entoure.

Végétal, l'école de la beauté

Du 16 juin au 04 septembre 2022

Beaux-Arts de Paris 

13, quai Malaquais 75006 Paris

Sur réservation

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Chaumet / Beaux Arts de Paris

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