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Faut-il imposer la sobriété numérique ?

Publié le 28 août 2022 à 22h00

Homme travaillant depuis son ordinateur dans un parc
Homme travaillant depuis son ordinateur dans un parc

Travail, santé, service public, communication ou encore divertissement, il n’y a pas un seul aspect de la vie quotidienne qui n’ait été infiltré par les technologies. Avec près de 4 milliards de personnes connectées chaque jour, l’impact écologique du numérique a aussi drastiquement augmenté. 

Selon l’institut de sondage Harris Interactive pour SQLI, 45% des Français-es estiment que le numérique a un impact négatif sur l’environnement et 85 % de la population considère que la réduction de cet impact est un sujet prioritaire. L’empreinte écologique de l’univers numérique représentait, en 2019, 223 millions de tonnes soit l’équivalent d’un 7ème continent selon le site Green IT. Entre binge watching et addictions aux réseaux, nos usages en ligne peuvent aussi avoir des conséquences sur notre santé. 

Et si nous profitions de la rentrée pour changer nos pratiques pour tendre vers plus de modération ? Si l’on prenait enfin le temps de réfléchir à cette surconsommation digitale ? Bienvenue dans la sobriété numérique. 

La sobriété numérique, qu’est-ce que c’est ?

Concept mis en avant par Frédéric Bordage de Green IT, il s’agit d’adopter une approche plus responsable du numérique, c’est-à-dire lutter contre la surconsommation et en faire un outil de résilience. Une réflexion partagé par Isabelle Autissier, présidente d’honneur de WWF France, qui préface l’ouvrage Sobriété Numérique : les clés pour agir

« Un constat évident s’impose à nous tous : il est urgent de rendre opérationnelle une approche alternative capable de garantir la production, dès leur origine, d’octets bio, équitables, locaux, accessibles, éthiques, utiles et constructifs, en quantité suffisante, mais surtout pas plus abondante que nécessaire. Ce prisme existe déjà, c’est celui de la conception numérique sobre et responsable. Il pose notamment la question de la place du numérique dans la société et nous guide vers un usage raisonné de cet outil au service de l’humanité, et non l’inverse. »

La sobriété numérique peut aussi avoir un aspect législatif. En juin 2020, une proposition de loi pour une transition numérique écologique en France avait déjà été présentée au Sénat. Celle-ci préconisait justement, cinq ans après l’interdiction de l’obsolescence programmée, entre autres, d’interdire les forfaits de téléphonie et internet illimités au profit d’un « volume utile », d’encadrer le streaming vidéo qui représente 60% du trafic mondial ou d’inciter les utilisateurs à préférer les appareils reconditionnés aux neufs. Seulement, la pollution passe surtout par la fabrication des produits et non par la volumétrie de données. Si la loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique en France a été adoptée le 15 novembre 2021, il est trop tôt pour en constater les effets. L’éducation à la sobriété numérique fera sa rentrée courant 2022. 

Comment agir concrètement ?

Pour faire preuve de sobriété numérique, il s’agirait de rallonger l’espérance de vie des appareils et de limiter leur fabrication pour espérer réellement entamer une transition numérique écologique. En effet, Frédéric Bordage souligne que c’est la production d’appareils qui représente l’aspect le plus néfaste, notamment en raison de l’utilisation de ressources naturelles non renouvelables et rares et de la pollution de l’eau, des sols et de l’air au passage. D’après le rapport WeGreenIT de WWF parue en 2018 « produire un ordinateur de bureau, c’est utiliser l’équivalent de près de 2 tonnes de ressources naturelles, 22kg de produits chimiques, 240 kg de combustible et 1,5 t d’eau claire. » 

Le numérique est à la fois un outil et un défi à relever dans l’urgence climatique. Il permet de soigner, d’éduquer, de communiquer et de prendre conscience des grands enjeux de notre époque… Une ressource inestimable pour l’Humain qu’il serait dommage de voir s’épuiser voire disparaître. Comme tout élément précieux, il est nécessaire de la préserver et donc de l’économiser en prenant de bonnes habitudes ! Maîtriser ses usages, fermer ses onglets web ou opter pour des pages web éco-conçues, tant de solutions pour réduire son empreinte numérique. Après la high-tech, la low-tech serait-elle le futur du numérique ?

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Xavier Arnau

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