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Les sons du dehors : à la découverte du field recording 

Publié le 30 mai 2022 à 22h00

Jeune homme tenant un micro au dessus d'un marais
Jeune homme tenant un micro au dessus d'un marais

De vastes plaines, le chant des oiseaux et du temps bien à soi pour les écouter : non, ce n’est pas le synopsis de nos prochaines vacances en Aveyron, mais bien quelques-unes des conditions nécessaires au “field recording”, une pratique d’enregistrement à la croisée de la composition musicale et de la captation sonore. Plongeons nos deux oreilles dans cet art audio et écolo. 

Au commencement était le son 

Dans les arts, la fin du XIXe siècle ne fut pas seulement marquée par la naissance du cinéma. Elle fut aussi celle de la naissance du phonographe et du gramophone, premiers appareils à enregistrer et diffuser du son de manière (presque) mobile. Le début d’une petite révolution - qui nous conduira jusqu’à Baby Shark et ses plus de 10 milliards de vues sur YouTube. 

Mais en attendant, il y plus d’un siècle, “les premiers à se lancer sont les ethnomusicologues et les audio-naturalistes. Les uns sont en quête des musiques de divers peuples de la terre, vivant souvent loin des grandes villes et de leurs facilités logistiques. Les autres souhaitent quant à eux conserver la trace des sons de la nature”, explique l’historien Alexandre Galand dans son ouvrage Field Recording - L’usage sonore du monde en 100 albums (2012). 

Ces aventuriers de l’audio s’appellent Alan Lomax, Hugh Tracey ou Ludwig Koch. Ce dernier est connu pour avoir, en 1889 et à l’âge de 8 ans, enregistré les premiers chants d’oiseaux, tandis qu’Alan Lomax, ethnomusicologue entre autres choses, partait à la rencontre des joueurs de blues du Mississippi au début du XXe siècle. Ils racontent tous une histoire : celle des paysages sonores qu’ils captent dans le monde, sa nature, ses Hommes et ses tumultes. Du bruit ou de la musique, difficile à dire, mais plus qu’un art c’est une pratique qui naît alors : celle du field recording, l’enregistrement des “chants du monde”. 

L’art de la nature, la nature de l’art 

Au cours du siècle dernier, le field recording ne cesse d’évoluer. Il tend parfois vers la documentation brute des sons et bruits du dehors. D’autres préfèrent remixer et enrichir ses sons de musiques, au sens plus traditionnel du terme. Mais ce qui relie encore et toujours les adeptes de la pratique, c’est une envie et une manière d’écouter différemment notre monde ce qui l’anime. Découvrons quelques artistes contemporains. 

L’américain Chris Watson nous partage les grognements d’une femelle guépard façon ASMR félin ou nous entraîne, à l’occasion d’un documentaire audio long de 36 minutes, à la découverte de la ville britannique minière de Sheffield. Âgé de 70 ans aujourd’hui, il aura aussi marqué le monde du field recording avec de nombreux albums.

Le français Yannick Dauby, vivant à Taïwan, préfère jouer entre les sons de nature et des impros au synthétiseur. Il nous fait découvrir les sons de l’île de Penghu ou de la ville de Taipei avec une dimension narrative forte, entre nature et monde urbain, à travers ses compositions. Parfois sombre, toujours hypnotique.

Culture sonore underground et pourtant pas si récente, toujours en mouvement et sujette aux appétits de ses artistes en puissance, le field recording ne demande qu’à être découvert exploré - pour faire pétiller vos oreilles, bien au chaud sous leur casque audio.

Les bons liens de l’Avenir a du bon :

  • The Lomax Digital Archive : une archive complète des sons enregistrés par Alan Lomax au cours du XXe siècle, durant ses pérégrinations en Amérique. Au menu : beaucoup de musique et de vie dans les centres urbains des Etats-Unis. 
  • Le blog “Par-delà” d’Alexandre Galand : l’historien et documentaliste français, spécialiste du field recording, raconte ses pérégrinations et coups de cœur sur son blog. A visiter. 
  • The Art of Field Recording : une longue exploration du field recording, tout en sons et en référence, publiée sur le blog du logiciel de musique Ableton. En anglais.

Auteur : Benjamin B

Crédit Photo : Creative Commons

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