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Ozzak, la start-up qui veut remplir les cinémas avec des tarifs attractifs

Publié le 21 février 2023 à 23h00

L'équipe d'Ozzak dans un cinéma
L'équipe d'Ozzak dans un cinéma

Le cinéma pour tous, sans condition d’âge ou de statut, partout en France : c’est le pari fou d’Ozzak. Fondée par trois copains nantais fous de 7ème art et conscients des difficultés du secteur, la start-up a pour ambition de réunir les spectateurs avec le grand écran. Rencontre.

Ah ! Le bonheur de se retrouver seul (ou presque) dans une salle de cinéma ! La sensation d’avoir ce privilège quasi-exclusif peut être assez exaltante. Cependant, si l’expérience est parfois agréable, elle peut amener à se poser des questions. Est-ce bien rentable pour les cinémas de proposer des séances sans spectateurs ou presque ? Mais surtout, qui a besoin d’un coup de boost ? Les spectateurs qui boudent les salles obscures ou les exploitants de salles de cinéma qui ne sont parfois pas assez visibles ? 

Trois jeunes Rennais, Sylvain, Cédric et Mélanie ne se sont pas contentés de se poser la question : ils ont trouvé une solution. Ozzak, contraction d’Oscar, César et Cannes, est une plateforme en ligne permettant de réserver dans des cinémas partout en France à des tarifs préférentiels. Fondée sur une logique de donnant-donnant, la plateforme propose des places à des prix attractifs tout en aidant les cinémas à renouer avec leur public. Lancé officiellement en 2021, le projet compte désormais 25 partenaires à travers le pays, des cinémas communaux aux multiplex. 

Comment vous est venue cette idée  ? 

Ozzak :

L’idée est apparue en 2019, un soir de sortie au cinéma. On était partis voir l'avant-dernier Spiderman un samedi, et la salle était quasiment vide. C'était loin d'être la première fois que ça nous arrivait. Seulement c’est arrivé au moment de nos transitions de vie. On était deux sur trois à passer d'étudiant à jeune actif, et donc à voir le prix de la place passer du simple au double! Nous avons commencé à nous questionner sur le manque à gagner des cinémas qui pouvaient jouer des films devant cinq ou dix personnes. Il fallait trouver un moyen d’aller plus souvent au ciné sans empiéter sur notre budget et notre pouvoir d'achat. Pour cela, on est allé questionner le grand public pour comprendre leurs habitudes de consommation, et les exploitations pour comprendre leurs problématiques liées à la fréquentation. 

Pourquoi est-ce important de garantir un accès au cinéma pour tous ? 

Ozzak :

Nous sommes des consommateurs de cinéma réguliers. C'est un loisir qu'on aime particulièrement, d’autant plus que c’est une tradition qui nous a aussi été transmise par nos parents quand on était petits. Beaucoup de cinémas nous ont expliqué qu'ils avaient du mal à communiquer auprès des jeunes. Si les jeunes de 20 ans n'y vont plus aujourd'hui, comment peut-on attendre des prochaines générations qu’elles fréquentent les salles obscures dans 10 ans ? D’autre part, nous voulions rappeler à quel point c’était une expérience à part. Avec le COVID, on a pris des habitudes comme rester chez soi, privilégier les œuvres disponibles depuis nos petits écrans…  C’est donc important que les Français reprennent goût et plaisir à sortir, et Ozzak est là pour les encourager !

Il est vrai que la crise a eu un fort impact sur le secteur mais il y a aussi l’aspect financier qui joue sur l’accès au cinéma. Certains cinémas affichent des prix rédhibitoires pour certaines séances… 

Ozzak :

Nantes est la deuxième ville affichant le tarif moyen le plus élevé de France. On le constate aussi bien en lisant des études qu’en parlant aux spectateurs : le cinéma est désormais considéré comme une sortie culturelle chère. L’un des objectifs d’Ozzak est d'utiliser le prix comme une nouvelle porte d'entrée au cinéma. On a créé la plateforme pour mettre en avant les films avant les cinémas. Quand vous allez sur la plateforme et cherchez votre ville, vous allez pouvoir autant trouver des films grand public que des films d’Art et essai.

Quelle a été la réaction des professionnels ? 

Ozzak :

Pour l'instant, on a reçu un bon accueil ! Post-crise sanitaire, les cinémas cherchent de nouveaux moyens de communiquer et de toucher un nouveau public. On est une plateforme de réservation de places de cinéma, mais on apporte aussi tout un soutien de communication auprès d'exploitants indépendants qui n'ont pas forcément les moyens, ni le temps de communiquer. 

On a remarqué, en interrogeant les spectateurs, qu’au niveau local très peu de personnes ont conscience de tout ce qui se passe dans le cinéma. Pourtant, il y a de nombreux évènements comme des avant-premières, des visites d'équipes. Nous allons aider à élargir la cible grâce à une plateforme exclusivement destinée au cinéma.

Ozzak est née en 2019 mais est active depuis 2021. Quel est votre public deux ans plus tard ?

Ozzak :

Au départ, on pensait surtout s'adresser aux jeunes, mais on arrive à attirer un public très large. On a des personnes jusqu'à 90 ans qui réservent via Ozzak ! Sur le site, la moyenne d'âge est de 45 ans, et 30 ans sur l’application. Il faut aussi noter que les cinémas ont leurs tarifs réduits propres à leurs exploitations. Mais certains ne proposent pas de tarif senior, ou proposent des tarifs étudiants et pas moins de 26 ans. Une large portion de spectateurs se retrouve sans la possibilité d'avoir des réductions au cinéma En réservant sur la plateforme, ces personnes peuvent ainsi s’offrir de temps en temps une place à un tarif plus doux, et sans condition.

Comment envisagez-vous le futur d’Ozzak ?

Ozzak :

Nous aimerions nous déployer au niveau national, sur le territoire le plus vaste possible, avec autant de cinémas multiplex que des cinémas Art et essai ! Pour le moment nous arrivons à répondre aux besoins de tous ces types de structure. C’est intéressant de voir que le concept plaît à tous nos partenaires indifféremment de leur statut. De plus, nous réfléchissons à développer notre marque en y ajoutant un média sur le 7ème art, créer un jeu de société, sortir une carte cadeau universelle pour tous nos partenaires. Et rester indépendants. Le but n’est pas de se greffer à des réseaux de distribution. Nous ne sommes pas du tout en concurrence avec eux, au contraire. Le but, c'est d'arriver à avancer ensemble. 

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Ozzak / Mathilde Sibellas

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