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Peut-on défendre l’environnement mais tuer les moustiques ?

Publié le 11 septembre 2022 à 22h00

Femme tenant une tapette à mouche dans sa chambre verte
Femme tenant une tapette à mouche dans sa chambre verte

Seigneur des nuisances sonores et démangeaisons effrénées, le moustique sévit chaque année. Si bien qu’on en arrive, malgré une conscience écologique certaine, à se demander comment les exterminer. Mais alors, le moustique mérite-il d’être écrabouillé, sauvé, ou est-ce simplement l’insecte le plus exaspérant de la terre ?

Ils rôdent à la nuit tombée, viennent nous narguer en vrombissant autour de nos oreilles quitte à chasser le sommeil et piquent le moindre morceau de peau qui dépasse de la couette… Les moustiques sont une vraie plaie qui suscitent en nous une crise de foi environnementale. Ils sont si agaçants qu’on pourrait céder à des idées morbides, allant à l’encontre de toutes nos convictions écolo, comme s’assurer de l’extinction de ces vampires de l’été. Après tout, on ne va pas déménager là où il n’y a pas de moustiques. On compte ces havres de paix sur les doigts d’une seule main : l’Islande et l’Antarctique. Un peu trop radical. Alors, que faire ? 

Sauver sa peau ou sauver leur progéniture 

Au fond, on aimerait bien vivre en harmonie avec ces insectes s’ils n’étaient pas de tels amateurs de sang humain et vecteurs de maladie. Et bruyants. Et pas sympas. En réalité, les moustiques ne se nourrissent pas de notre sang mais utilisent nos acides aminés pour les aider à pondre leurs œufs. Comme le rappelait Aymeric Caron, en proie aux mêmes tiraillements en 2019, « la femelle pique, mais il faut bien comprendre que c'est une mère qui remplit son rôle, c'est une dame qui risque sa vie pour ses enfants en devenir ». La solidarité féminine étant une corde sensible, l’argument coupe l’envie d’écraser ces bestioles direct. 

Comment faire alors pour sauver sa peau tout en respectant l’environnement ? On renonce aux bombes et aux prises, même celles disponibles en version bio et naturelle, qui font du mal à la biodiversité de manière globale. Oubliées les raquettes électriques ou les mixtures peu ragoûtantes cola-sucre-vinaigre de grand-mère. On se dit qu’il faut faire avec ce que la nature nous donne. On laisse les araignées faire leur vie en se disant qu’elles feront très bien l’affaire (non), on cogite jusqu’à arriver à méditer sur l’adoption de chauves-souris ! 

Les chauve-souris à la rescousse (ou pas)

En effet, selon une expérience menée par Merlin Tuttle, un expert des chauves-souris, celles-ci ont attrapé une dizaine de moustiques par minute dans un laboratoire où avaient été lâchés une nuée d’insectes. Ainsi, « 1 000 chauves-souris pourraient consommer plus d'un demi-million de moustiques par heure. Le problème est que lorsque les chauves-souris ont d'autres possibilités de se nourrir, elles ne mangent pas de moustiques à ce rythme. Les moustiques représentent moins de 1 % du régime alimentaire des chauves-souris ». Conclusion intéressante à tirer de cette étude : vu qu’il y a rarement un demi-million de moustiques dans la chambre tous les soirs, on pourrait imaginer offrir le gîte et le couvert à ces charmantes bestioles pour pouvoir dormir sur ses deux oreilles.

Alors bien sûr, il existe des solutions plus simples et accessibles que d’ouvrir un B&B pour chauves-souris en haute saison. Il est possible d’opter pour la citronnelle ou la lavande en huiles essentielles ou en bougie dont l’odeur les feraient dégager sans ménagement. Mais à moins de déplacer son lit au milieu d’un champ très embaumé, ça ne marche jamais vraiment. Les moustiques sont pugnaces. Le très sérieux New York Times avait, en 2013, clamé avoir trouvé LA solution : le ventilateur. En effet, contrairement à nous autres humains, les moustiques ne sont pas fans de l’air frais et du vent. Une technique peu intrusive et surtout clémente pour ces insectes peu braves et ne sachant pas voler (ou mal), puisqu’ils sont chassés par la brise et non par une sèche claque de la paume d’une main. 

Dans le meilleur des mondes, ce serait vraiment chouette de cohabiter avec les moustiques dont l’existence a évidemment un sens dans la chaîne alimentaire et la biodiversité. Ce sont, entre autres, des pollinisateurs qui se nourrissent du nectar de fleurs comme les abeilles ! Est-ce que les tuer d’un coup de tapette à trois heures du matin parce que leur « bzzzz » nous rend dingue fait de nous un meurtrier climatosceptique ? Rassurez-vous, non. 

Autrice : Carla P

Crédit photo : Antonio Diaz

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