# Économie

Colocation solidaire : une solution au mal logement ? 

Publié le 2 octobre 2023 à 22h00

Colocataires partageant un moment de détente pendant leur déménagement
Colocataires partageant un moment de détente pendant leur déménagement

Elles s’appellent Caracol, CoopColoc ou Kaps et offrent aux étudiants, aux réfugiés ou aux personnes en situation de précarité un lieu de vivre ensemble à prix abordable. Découverte. 

Plus de 4 millions : c’est le nombre de personnes qui, selon la Fondation Abbé Pierre, subissent le mal-logement en France. Sans-abri, sans logement personnel, dans un espace limité ou manquant d’équipements de base, le mal-logement regroupe une large diversité de situations et de personnes. 

En cette fin de rentrée, alors que la difficulté pour les étudiants de trouver un logement accessible est l’un des grands sujets d’actualité, revenons sur une solution innovante permettant de rapprocher les personnes et, surtout, de les loger : la colocation solidaire. 

Remplir les logements vides 

À la croisée de la colocation classique et de l’engagement associatif, la colocation solidaire prend de nombreuses formes et touche différents types de publics : étudiants, réfugiés, jeunes travailleurs, personnes âgées en situation de précarité, etc. Les colocations solidaires ont toutes le même objectif : offrir un lieu de vie abordable aux personnes dans une situation difficile tout en rapprochant différents univers socio-économiques. Elles offrent aussi une première plongée dans le monde associatif et l’engagement citoyen. 

Caracol, créée à Paris en 2018, prend en gestion des biens immobiliers inhabités pour les mettre à disposition de « co-habitants » : des personnes réfugiées et locales, souvent des étudiants. Lauréate en 2023 de l’initiative La France s’engage, les colocations mixtes de Caracol permettent l’occupation de logements vides. Les bailleurs, qu’ils soient privés ou publics, s’y retrouvent car cela allège leurs charges, tandis que les co-habitants bénéficient d’un loyer plafonné de 250 euros dans des quartiers parfois inattendus – comme à deux pas du Louvre

Des habitats temporaires, sur un an minimum, qui permettent de résoudre, au moins un peu, le problème du mal-logement. Aujourd’hui, Caracol est présente en Ile-de-France, à Toulouse, Strasbourg et Lyon. À Bordeaux, l’association ACLEF a lancé un programme, CoopColoc, sur un mode similaire : des bailleurs sociaux confient à l’asso des logements vacants que des étudiants vont pouvoir occuper. 

S’engager auprès des autres 

À Paris, les colocations solidaires Kaps, portées par l’association étudiante Afev, permettent également de loger des étudiants. Mais plutôt que de régler le problème des logements vides, l’Afev propose à ses colocs solidaires de s’engager dans un ou plusieurs projets de quartier durant 7 heures chaque semaine. Mentorat scolaire, développement du lien intergénérationnel, activité manuelle : c’est leur temps, leur énergie et leur bonne humeur qui permettent aux étudiants de bénéficier de ces logements dont la gestion appartient au Crous. 

La dynamique associative des colocations solidaires est forte, même quand elle n’est pas au coeur du contrat : les résidents de CoopColoc peuvent par exemple découvrir le monde associatif grâce à des rencontres, organisés par l’ACLEF, pour sensibiliser les étudiants à divers sujets comme l’accès aux droits, la prévention ou le monde associatif. 

Les colocations solidaires ne résoudront sans doute pas la crise du mal-logement qui touche le pays et nombre de personnes en situation de précarité, mais elles proposent une alternative originale et trop peu connue. 

Auteur : Benjamin B

Crédit Photo : AntonioGuillem

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