# Économie

Le transport maritime a le vent en poupe

Publié le 10 juillet 2023 à 22h00

Navire au large de Douarnez en Bretagne
Navire au large de Douarnez en Bretagne

Les progrès technologiques et les initiatives visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à optimiser l'efficacité énergétique et à préserver les écosystèmes marins ouvrent la voie à un transport maritime plus durable, qui contribue à la protection de notre planète. Leur solution : s’appuyer sur le vent.

Le transport maritime international joue un rôle essentiel dans le commerce mondial, représentant 80 à 90 % de toutes les activités commerciales. Chaque année, plus de 50 000 navires marchands transportent environ 11 milliards de tonnes de marchandises à travers les océans. Bien que les émissions de dioxyde de carbone par tonne-mille soient relativement faibles par rapport à d'autres modes de transport de marchandises, le secteur du transport maritime reste un contributeur majeur aux émissions mondiales. En 2018 seulement, les navires ont émis un impressionnant total de 2,89 % des émissions mondiales totales. Pour mettre cela en perspective, le secteur de l'aviation avait émis 2,4 % des émissions totales. 

Un facteur significatif contribuant aux émissions du transport maritime est la réticence à adopter une solution simple, tout simplement réduire la vitesse des navires. Les émissions de carbone augmentent de manière exponentielle lorsque ceux-ci dépassent leur vitesse de croisière. Cependant, la dépendance du secteur à des chaînes d'approvisionnement en flux tendu peut entraver l'adoption d’une vitesse plus modérée, qui pourrait perturber l'efficacité des opérations. Alors, comment faire pour rendre le transport maritime plus durable ? 

Mettre les voiles, une approche qui a fait ses preuves

Il faudrait trouver une solution pour maintenir la compétitivité de ce secteur tout en le décarbonant. Des efforts sont en cours pour explorer l'utilisation de carburants alternatifs afin de réduire les émissions dans le secteur du transport maritime. Des carburants tels que l'hydrogène pourraient fonctionner, mais leur production peut entraîner des émissions substantielles, ce qui nécessite une évaluation minutieuse de leur impact environnemental global. De plus, le passage à ces carburants alternatifs nécessiterait d'importants investissements dans la construction de nouveaux navires ou la modernisation de ceux déjà existants. Se pose alors la question du retrofitting, soit équiper des navires existants de systèmes de propulsion plus efficaces ou l'intégration de technologies d'aide au vent, telles que les voiles, les rotors, les cerfs-volants et les ailes d'aspiration. Bref : revenir à l’énergie éolienne ! La propulsion par le vent est capable de réduire « de 5 à 30 % la consommation de carburant et les émissions associées lorsqu’elle est installée sur des navires déjà existants et conjointement à des outils de routage performants », selon l’association Wind Ship

En France, la compagnie maritime Zéphyr & Borée, spécialisée dans l'armement de navires à la pointe de la technologie pour un transport maritime respectueux de l'environnement, et la coopérative énergétique Enercoop sont bien en avance sur leur temps. L’objectif de cette union ? Concevoir des navires de commerce innovants, équipés de voiles et alimentés par des carburants alternatifs, répondant ainsi à l'objectif fixé par l'Organisation Maritime Internationale (OMI) de réduire les émissions de CO2 de 50% d'ici 2050.

La France met la gomme

Le pavillon Windcoop, leur premier-né, promet une véritable révolution dans le domaine du transport maritime. Spécialement conçu comme un porte-conteneurs pour la ligne France-Madagascar, il est capable de transporter jusqu'à 100 conteneurs de 20 pieds, soit l'équivalent de 1 400 tonnes de marchandises. Mais ce n'est pas tout : Windcoop a été optimisé pour maximiser les économies d'énergie, en tirant pleinement parti de la navigation à voile moderne. Grâce à cette technologie innovante, il permet d'économiser jusqu'à 90 % de carburant par rapport aux navires traditionnels, selon les itinéraires et les saisons. Avec une vitesse cible moyenne de 8 nœuds, le navire utilise habilement les vents favorables pour augmenter sa vitesse, tandis que son moteur prend le relais dans les zones où le vent se fait rare, assurant ainsi une navigation fluide et des délais de transport maîtrisés. Un projet fort et ambitieux qui devrait être mis en service courant 2025. 

A travers le monde, des cargos innovants à voiles sont en cours de développement, mais il faudra probablement beaucoup de temps avant que ces navires ne soient largement mis en service et deviennent courants sur les océans. La filière française des navires à propulsion éolienne est préparée pour fournir environ un tiers du marché mondial, mais elle doit avoir équipé 100 navires d'ici 2025 afin de réaliser cette ambition. Bien que la solution demeure encore marginale, les acteurs de cette filière espèrent introduire 10 000 cargos à voiles d'ici 2030, ce qui représenterait environ 10 % de la flotte mondiale d’après Wind Ship. Il convient de souligner que ces avancées technologiques et réglementaires témoignent de l'engagement de l'industrie maritime à préserver notre planète et à contribuer à la lutte contre le changement climatique. En continuant à investir dans des solutions respectueuses de l'environnement et à promouvoir une coopération mondiale, le transport maritime s'oriente vers un avenir plus vert, garantissant la préservation des océans pour les générations futures.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Gwengoat

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