# Économie

Re-belle, les confitures de l’emploi

Publié le 22 mars 2023 à 23h00

Adeline Girard et Colette Rapp
Adeline Girard et Colette Rapp

À Stains, en Seine-Saint-Denis, les fruits moches et invendables ont la cote. Installées depuis peu, les Re-belles s’activent en cuisine pour donner une nouvelle vie aux fruits en passe de mourir ou d’être jetés. 

Selon une récente étude sur le gaspillage alimentaire réalisée par l’ADEME, ce sont 10 millions de tonnes de produits qui sont gaspillés par an, soit 30 kg par foyer. Un gâchis qui pourrait être évité grâce à des associations comme Re-belle, spécialiste de la confiture anti-gaspi.

Se rendant compte de l’ampleur du gâchis alimentaire, deux amies, Colette Rapp et Adeline Girard, décident de fonder Re-belle. D’abord une solution anti-gaspi, l’intiative s’est structurée en association et chantier d’insertion en 2017 dans un but clair : allier social et environnemental. Ainsi, elles aident principalement les femmes éloignées du monde du travail en leur proposant un emploi : confiturière.

De la poubelle à la tartine

Depuis quelques mois maintenant, l’association Re-belle a posé ses cuisines dans la commune de Stains en Seine-Saint-Denis. Passée par Aubervilliers et Romainville, l’association a su, au fil des années, s’agrandir et devenir un exemple de lutte contre le gaspillage et, surtout, d’aide à la réinsertion professionnelle. Si, au début, la co-fondatrice Colette Rapp parcourait le marché de Romainville à la fin de la journée en quête de fruits et légumes invendus, Re-belle peut aujourd’hui compter sur des grandes enseignes comme Monoprix pour l’aider à récolter les fruits que personne ne veut.

Souvent un peu abîmés, presque à terme de leur maturité ou parfois juste moches, ce sont des centaines de kilos que l’association récupère toutes les semaines et ramène dans ses cuisines. C’est à ce moment que les petites mains prennent le relais. Les confitures ne sont jamais les mêmes, elles dépendent de ce que les Re-belles ont pu récolter. Alors, à chaque livraison, un état de ce qui a été recueilli est fait avant de se lancer dans la création des confitures.

Une solution pour l’emploi

Pour réaliser une confiture Re-belle, il faut plusieurs personnes : un livreur, qui se charge d’aller récupérer les fruits donnés pas les enseignes, et des petites mains aux fourneaux pour concocter les confitures. Une fois réceptionnés, les fruits sont triés et lavés pour ne garder que les meilleurs. Viennent ensuite la découpe, la cuisson et la mise en pot. Toutes ses étapes sont réalisées par des personnes, principalement des femmes, en réinsertion professionnelle et permettent à l’association de préparer en moyenne 2 000 confitures par semaine dont les recettes sont toutes élaborées et goûtées préalablement par les travailleuses. Une fois les confitures prêtes, elles retournent dans les magasins partenaires permettant ainsi une sorte de cercle vertueux. Toutefois l’association compte aussi des partenariats avec des petites épiceries indépendantes et certains hôtels du groupe Ibis Style.

En février, Re-belle comptait 22 personnes dans leur chantier d’insertion, un chiffre qui permet à l’association de se rapprocher de son objectif annuel : permettre à 25 personnes d’être admis dans leur chantier d’insertion. Une fois intégrées, ces personnes sont accompagnées personnellement pendant un à deux ans pour trouver une formation ou un emploi. En 2022, l’association avait permis à 23 personnes de retrouver un emploi et comptait plus de 45 personnes accompagnées depuis le début de l’association. Comme quoi, une simple recette de confiture peut amener à de grandes choses. C’est pourquoi, l’association est en train d’élaborer de nouvelles recettes de sauces pour ainsi étendre son catalogue et, peut-être, augmenter le nombre de personnes dans ses cuisines.

Autrice : Flavie R

Crédit Photo : Cedric Daya 

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