# Économie

Tickets à gratter pour la biodiversité : bonne ou mauvaise idée ? 

Publié le 25 octobre 2023 à 22h00

Tortue marine
Tortue marine

Trois euros. C’est le prix d’un nouveau jeu à gratter dont une partie des gains seront reversés à des initiatives pour la biodiversité. Un projet qui veut sensibiliser à l’environnement, mais fait aussi l’objet de critiques. 

Financer des initiatives pour l’environnement avec des jeux à gratter, c’est désormais possible. Depuis le lundi 23 octobre, les tickets sobrement intitulés « Mission nature » sont disponibles chez tous les buralistes. Une initiative poussée par le gouvernement et lancée en partenariat par l’Office français de la biodiversité (OFB) et la Française des jeux (FDJ) qui fait débat. Secourir la biodiversité en concourant à l’addiction aux jeux d’argent n’est-il pas une fausse bonne idée ? 

30 000 euros à gagner pour 14 millions de tickets à gratter 

Inspiré par le succès de la « Mission Patrimoine », incarnée par Stéphane Bern, ce loto de la biodiversité prend la forme d’un ticket à gratter vendu 3 euros chez les buralistes. Nommé « Mission nature », ce jeu est tiré à 14 millions d’exemplaires partout en France. La Française des jeux précise que les participants auront « une chance sur 3,21 » de gagner une somme allant jusqu’à 30 000 euros. 

« Le loto du patrimoine avait très bien marché. Chacun a pu participer à la restauration du patrimoine culturel et architectural de notre pays. Avec ce nouveau loto de la biodiversité, c’est l’occasion de sensibiliser largement à la préservation de la nature », explique à Libération Sarah El Haïry, secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité, l’une des instigatrices du projet. 

En effet, une partie des gains (0,43 centimes sur 3 euros par ticket) sera reversée à l’OFB, qui se chargera ensuite de diviser les 6 millions d’euros attendus parmi 20 projets sélectionnés. Chacun de ces projets recevra une somme spécifique en fonction de ses besoins, allant de près de 100 000 euros à plus d’un million d’euros. 

L’OFB a divisé ces vingt projets en deux catégories : 6 projets « emblématiques » et de grande ampleur avec une portée nationale sur les écosystèmes et 14 projets « de maillage » avec un impact local et régional sur les écosystèmes. Retour du plus grand rapace d’Europe, préservation des gîtes à chauve-souris, restauration des tourbières des Vosges : ces projets situés aux quatre coins de la France cherchent tous à préserver les écosystèmes et la biodiversité. Sur chaque ticket mis en vente, un QR code permettant de mieux connaître et comprendre les projets en question est également disponible. 

Un dispositif qui fait débat  

Pourtant, les critiques fusent à l’encontre de l’initiative « Mission Nature », notamment de la part de l’Autorité nationale des jeux (ANJ), qui avait jugé le dispositif « trop addictif pour les jeunes » et craint que l’on encourage l’addiction aux jeux d’argent sous couvert d’écologie. 

L’association France Nature Environnement va plus loin et a même mis en place une page Internet pour dénoncer une « arnaque à la biodiversité ». Cette fédération regroupant des associations de protection de la nature dénonce plusieurs choses : les centaines de milliers de tickets en cartons plastifiés générés par l’opération, le risque de dépendance, le peu de projets financés pour les gains attendus, mais aussi et surtout le faible pourcentage de gains véritablement alloués à la protection de l’environnement. Moins de cinquante centimes pour un ticket à 3 euros, c’est peu, et ça pourrait entacher le succès de « Mission nature ». 

Auteur : Benjamin B

Crédit Photo : Robin Dibidabian

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