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Cultiver les langues régionales : le fruit de la réussite pour les enfants

Publié le 22 octobre 2023 à 22h00

Panneau routier bilingue français et basque à l’entrée de Ciboure
Panneau routier bilingue français et basque à l’entrée de Ciboure

« Demat », « geht's », « milesker », à moins que vous ne soyez breton, alsacien ou basque, ces mots vous sont sûrement inconnus et pourtant ils font partie de l’histoire française. Alors que beaucoup craignaient leur extinction, les langues régionales font leur retour dans les salles de classe.

Ah la France… sa culture, sa gastronomie et ses langues ! En effet, on recense près de 75 langues régionales sur le territoire français. Si elles sont aujourd’hui protégées grâce à la loi Molac, elles ont pourtant subi une éviction pendant plus d’un siècle. En effet, en 1880, les lois Jules Ferry sont appliquées et exigent, dans un souci d’uniformisation et d’égalité, que la langue parlée et enseignée à l’école soit le français. Puis la Première Guerre mondiale arrive et marque le début de la déperdition des langues régionales, les soldats devant parler la langue nationale pour se comprendre. Le charme linguistique des régions se perd au fil des ans et des guerres. 

C’est finalement dans les territoires à fort patrimoine, comme au Pays Basque ou en Bretagne, qu’elles sont réintroduites dans l’enseignement via, notamment, des écoles conventionnées pour un apprentissage en immersion. De plus en plus populaires, les « classes immersives » connaissent un intérêt décuplé en cette rentrée 2023. En quoi consiste-t-elle ? Explications. 

Une gymnastique du cerveau

Pendant longtemps, l’apprentissage bilingue, et surtout en immersion, effrayait. Les parents et enseignants craignaient que l’apprentissage de deux langues perturbe l’enfant et crée un retard dans son apprentissage scolaire. Ce sont les Canadiens qui, constatant le recul de la pratique du français, ont mis en place les premières classes immersives et, ainsi, ont réalisé les premières études sur le sujet. Le constat est sans appel : l’immersion est bénéfique pour les enfants. Meilleurs résultats académiques, curiosité accrue, facilité pour les langues étrangères, tant de bienfaits qui ont séduit les enseignants français. 

Après moults débats, les classes immersives ont commencé à émerger dans l’Hexagone. Comme la Constitution de la Cinquième République le précise, les « langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». Ainsi, ces classes permettent aux enfants de renforcer leur appartenance à leur région en découvrant ou redécouvrant son histoire. Les traditions se transmettent et évitent à ces cultures locales de s’éteindre. « Cela permet aux jeunes de s'ancrer dans un territoire. C'est une ouverture vers le monde extérieur et le plurilinguisme », explique la professeure d’histoire-géographie en langue catalane Erica Lafforgue dans une interview à l’Étudiant.

En cette rentrée 2023 et dans une perspective de redécouverte du patrimoine local des élèves, de nombreuses classes immersives viennent d’être ouvertes en France. En Alsace par exemple, plusieurs écoles maternelles vont proposer des parcours allemand-alsacien. À Amiens, Le Parisien nous raconte comment le picard a désormais sa propre filière à l’Université Jules Verne : « Enseigner le picard : langue, littérature et culture » fait depuis la rentrée dernière partie du cursus de certains étudiants. 

Des cursus immersifs qui veulent proposer aux élèves une équation simple : prendre son envol tout en conservant ses racines. 

Autrice : Flavie R

Crédit Photo : Jean-Luc Ichard/iStock

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