Flûte, coupe, calice, rares seront les occasions où on vous proposera du champagne dans un verre classique. Des bulles dans un ballon ? Il y a de quoi s’étrangler. Le champagne est un vin raffiné. On peut même se risquer à se dire qu’il est canon à défaut de le servir dans un verre à vin. 

Depuis des siècles, les Champenois se battent pour que leur précieux vin soit reconnu en France et dans le monde. Une bataille qui remonte au XIXe siècle puisque c’est en 1887 que le champagne bénéficie d’un arrêté de la Cour d’Angers qui reconnaît uniquement comme champagne les vins venant du territoire champenois. À partir de 1941, le comité interprofessionnel du vin de Champagne s’attelle à la protection du nom dans le monde.

Le champagne est donc un vin noble, si ce n’est le plus noble, fort d’une histoire riche. Pas question de le déguster dans n’importe quel verre et si son histoire est riche, celle de son verre attitré l’est tout autant. 

La coupe et le sein de la femme

Il existe une grande légende entourant la coupe de champagne. Sa forme aurait été calquée sur celle d’un sein féminin, et pas n’importe lequel. Quand certains pensent que la coupe a été modelée sur les attributs de madame de Pompadour, maîtresse de Louis XV, d’autres affirment qu’il s’agit plutôt de la forme du sein de Marie-Antoinette, la femme de Louis XVI. Malheureusement, ni l’une ni l’autre n’est à l’origine de la forme de la coupe.

En réalité, cette forme si particulière viendrait d’Angleterre. Les Anglais, premiers importateurs de champagne dans l’histoire, ont toujours eu un faible pour les bulles françaises. La forme assez classique de la coupe de champagne serait donc plutôt inspirée par le calice, vase sacré présentant la forme d’une coupe,  verre de prédilection au Moyen Âge.

La seule femme dont on est certain que le sein a servi de modèle à une coupe de champagne est… Kate Moss. En 2014, le mannequin a prêté ses formes à une marque de spiritueux dans le cadre d’une opération promotionnelle. Un peu tard, puisque la coupe traditionnelle était déjà presque en désuétude. En effet, le verre étant trop large et peu profond, il ne permet pas une bonne effervescence des arômes. Elle est parfaite pour créer une belle fontaine, mais pas idéale pour déguster le champagne.

La flûte de champagne, le plus vieux verre

Si l’expression « servir une coupe de champagne » est toujours utilisée, elle ne désigne plus une véritable coupe. Il n’est pas rare de demander une « coupe de champagne » et de se voir servir son précieux breuvage dans une  flûte.

Encore une fois, ce sont les Anglais qui en sont à l’origine, puisque la flûte apparaît d’abord en Angleterre dans les années 1750. Ce n’est que sous l’ère de Napoléon Ier qu’elle va faire son apparition en France et se démocratiser. La flûte, plus longue et étroite, met en valeur la mousse et  les bulles de champagne. Contrairement à la coupe, la flûte a une forme plus étroite et allongée ce qui permet à la boisson de pétiller plus longtemps et d’en révéler les subtils arômes. Dès les années 1930, la flûte devient la favorite des amateurs qui la trouvent plus adaptée aux cuvées modernes.

La tulipe

L’entre-deux-guerres voit naître le vrai verre à champagne, celui dont il faut se servir. Il est bombé sur la base et étroit au sommet, comme une tulipe. Cette forme spéciale permet d’aérer le champagne. Aujourd’hui, de grandes maisons comme Veuve Clicquot commercialisent ce type de verres pour mettre leurs cuvées en valeur.

La coupe de champagne, bien que chargée d’histoire, n’est pas donc le meilleur contenant pour déguster correctement un bon champagne. Et bien que la flûte soit élégante, cela ne compense pas le fait qu’elle ne laisse pas assez d’espace au gaz pour qu’il se répande correctement. Afin de bien déguster son champagne, il s’agirait donc de se munir de verres tulipe. Tout en gardant à l’esprit que l’essentiel est d’être bien entouré… et de tenir son verre par le pied pour ne pas réchauffer sa délicieuse boisson !

Autrice : Flavie R

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