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Comment rendre le vinyle durable ? 

Publié le 24 juillet 2022 à 22h00

Main actionnant le bras d'une platine
Main actionnant le bras d'une platine

A l’ère des plateformes de streaming toutes puissantes, les disques vinyles font leur grand retour. Objet iconique, support d’écoute optimal ou symbole d’une nostalgie collective, ces galettes, malgré leurs airs rétro, ont un impact environnemental colossal.

La tendance est au vintage et la musique n’y échappe pas. Associé à un univers rétro-cool, le vinyle connaît un regain d’intérêt aux quatre coins du monde. Il s’en est vendu 5,2 millions en France en 2021, selon le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP). Les disquaires fleurissent et même les grandes surfaces s’y (re)mettent. 

Seulement le vinyle est fait de PVC, composé à 43% de pétrole, une des substances les plus toxiques sur terre, affirme Greenpeace. Pas vraiment écolo, le vinyle de nos aïeux. Pourtant, certains cherchent des solutions pour rendre le vinyle durable : algues ou déchets plastiques, partons à la découverte du vinyle du futur. 

Les vieux problèmes du vinyle 

Au-delà de la composition à base de pétrole, le processus de fabrication du vinyle se fait sur de vieilles machines gourmandes en énergie et en eau (pour la cuisson à la vapeur et le refroidissement), et utilise traditionnellement de l'encre à base de solvant appauvrissant la couche d'ozone pour imprimer la couverture en carton.

S’ajoute à cela la pénurie des matières premières. En effet, les vinyles deviennent de plus en en plus difficiles à produire, à cause notamment de la hausse du prix du pétrole, entraînant une flambée des prix des disques et du retard sur les sorties comme sur les livraisons. D’ailleurs, 65 % des labels membres de la Fédération nationale des labels et distributeurs indépendants (Félin) ont dû décaler des sorties en raison de délais de fabrication rallongés. Et si la crise du vinyle était une opportunité pour repenser son mode de fabrication et prendre en compte les enjeux environnementaux ? 

Améliorer l’empreinte écologique du disque 

Réduire le plastique, recycler les chutes, créer un packaging plus éco-responsable, produire plus local sont parmi les objectifs apparus ces dernières années chez les fabricants de vinyle. 

En France, les Bretons de M Com' Musique ont lancé en 2016 le « Vinylgue », un disque made in France et biosourcé créé à base d'algues. Une belle idée qui malheureusement n’est pas encore tout à fait au point puisque « après deux semaines, leur recette (presque) biodégradable finissait par altérer la musique, devenue ’quasi inaudible’ » rapportait le magazine Télérama. Une technique qui reste donc à perfectionner. 

A l’essai également, des vinyles à base de déchets plastiques récoltés sur les plages anglaises. Avec 105 exemplaires pressés, le label Mercury KX s’était engagé à reverser les fonds à une association pour la protection des côtes britanniques, Surfers Against Sewage. L’histoire ne dit pas s’ils sont encore en état de marche mais l’initiative démontre une envie de changer l’industrie. C’est également la démarche des Français de Diggers Factory. Ces derniers proposent aux artistes un pressage « green » : des disques fabriqués à partir de granulés de vinyle à base de calcium-zinc, « un matériau propre et recyclable », et des packagings imprimés à l’encre vegan. Pour le moment, ce genre de pressage se limite à des petites éditions et donc à une commercialisation de niche, mais tend à se développer dans l’avenir. 

La qualité du son avant tout

Il s’agit à la fois de proposer une qualité d’écoute exceptionnelle et de faire du disque un objet plus écologique. Réussir cette alliance est l’objectif principal de nombreuses entreprises de pressage prestigieuses. Comme The Green Vinyl Records project, une alliance de huit usines néerlandaises qui se sont unies pour réduire la quantité d'énergie et de déchets dans la production des disques en développant des plastiques durables et des processus de moulage par injection propres et à faible consommation d'énergie plutôt que de presser les disques. Avec une approche similaire, les Danois de RPM records ont automatisé leur production, leur permettant de produire jusqu'à 35 % de déchets en moins. Ils utilisent également un système de refroidissement par eau en circuit fermé qui permet de recycler entièrement l'eau.

Pour que l’industrie du disque adopte une approche plus éco-responsable et durable, il va falloir du temps et continuer les expérimentations, mais ces premiers sursauts sont prometteurs. D’autant plus que le retour des usines de pressage locales assurent une logistique plus verte et que, à l’inverse du streaming, un disque est un support physique durable dans le temps. Bref, le retour du vinyle et l’évolution de sa durabilité n’annoncent que des bonnes choses pour les amateurs de musique !

Autrice : Carla P

Crédit Photo : Cheng/iStock

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