Les plus anciens se souviendront des animés de Dragon Ball diffusés durant Club Dorothée, alors que les plus jeunes se passionnent pour les aventures de Luffy dans One Piece. Le manga traverse les générations et ne cesse de grandir dans le cœur des Français. Une croissance encouragée par le succès du Pass Culture, accessible aux jeunes de 15 à 18 ans de tout le pays depuis 2021. 

Mais pourquoi le manga ?

Le Pass Culture a-t-il changé la vie des bouquinistes et vendeurs de livres ? Clémence, qui possède à la librairie le Phénix à Paris, explique avoir observé un léger changement dans sa clientèle depuis l’arrivée de ce pass qui offre jusqu’à 300 euros de bons d’achats en produits culturels aux jeunes de 15 à 18 ans. Si certains étudiants viennent pour les ressources sur la culture asiatique qui sont la spécialité de la boutique, ce sont surtout les détenteurs du Pass Culture qui sont venus compléter la clientèle - et leur collection de mangas. 

Mais pourquoi le manga plus qu’un autre genre ? Au-delà des adaptations en dessins animés qui cartonnent, Clémence explique le succès des BD japonaises par l’évolution des personnages. À travers les tomes et les chapitres, les personnages grandissent en transmettant des valeurs d’amitié, de solidarité ou encore de tolérance. « C’est un moyen pour les jeunes de s’identifier et d’évoluer avec eux » affirme-t-elle. Mais l’identification n’est pas le facteur principal selon la libraire, la créativité est aussi un point majeur de la popularisation du manga : diversité des genres, des types de dessins, des personnages et récits - qui donnent parfois envie aux jeunes de se lancer, eux aussi, dans une activité créative. 

La (re)découverte des classiques

Mais ce n’est pas tout. Le manga est souvent qualifié par ses détracteurs  de « lecture pour enfant ». La réalité est tout autre. Aujourd’hui, les histoires dépassent les frontières asiatiques et s’exportent dans le monde entier - y compris pour les adultes. C’est le cas de Lost Lad London, sélection Fauve Polar 2023, un manga policier pour adultes qui se déroule à Londres. Cette mondialisation a presque été initiée par les Japonais eux-mêmes qui adaptaient des classiques européens en manga, fait remarquer Clémence. C’est notamment le cas des Misérables de Victor Hugo ou des adaptations des récits de H.P. Lovecraft par le mangaka - nom donné aux créateurs de mangas - Go Tanabe. Le genre du manga pour adulte, souvent plus dur et violent, a même un nom : « seinen », tandis que les mangas pour ados sont nommés « shonen » et ceux pour jeunes filles « shojo ». 

Bref, des mangas, il y en a pour tous les goûts et au Phénix comme ailleurs dans les librairies de France, on les distribue comme des petits pains. Au premier semestre de l’année 2022 - derniers chiffres en date - on estimait les ventes à 23 millions d’exemplaires ! Près de trois fois les chiffres réalisés sur les trois années précédentes. Un record absolu, que l’on attribue souvent au… Pass Culture ! Certains l’ont même renommé « PassManga », c’est dire l’engouement chez les adolescents. Bon, on vous laisse, on retourne bouquiner. 

Autrice : Flavie R

Crédit Photo : JJ Farquitectos