# Économie

La pré-commande : une solution au gaspillage

Publié le 12 mars 2024 à 23h00

Personne confectionnant un vêtement à la machine à coudre
Personne confectionnant un vêtement à la machine à coudre

Après la mode prêt-à-porter émerge le concept de pré-commande. Un modèle économique vertueux qui attire l'attention des détaillants, des marques et des consommateurs. Une mode « à la demande » qui permet de minimiser les coûts et d’éviter les excédents de stock ou le gaspillage. 

Plus de 100 milliards de vêtements sont produits dans le monde chaque année. Un non-sens environnemental auquel pourrait répondre le modèle de précommande. Ce dernier apparaît comme une solution nuancée et potentiellement impactante pour les marques et les consommateurs conscients. 

L'énigme de la surproduction, qui fait qu'environ un tiers des vêtements restent invendus, est largement liée à la pratique de prédiction de la demande des consommateurs par les grands détaillants. Il en résulte une accumulation de stocks excédentaires, qui se traduit souvent par des démarques importantes et un gaspillage environnemental. Le modèle de pré-commande cherche à atténuer ce problème en alignant la production sur la demande confirmée des consommateurs, minimisant ainsi la création de stocks excédentaires.

Un modèle gagnant-gagnant

En passant aux précommandes, les marques peuvent non seulement éviter le problème des stocks excédentaires, mais aussi négocier avec succès des prix réduits avec les fabricants et fournisseurs, offrant ainsi aux consommateurs des produits respectueux de l'environnement à un coût plus accessible. Cela souligne la synergie potentielle entre les considérations environnementales et les conditions financières dans le paradigme de la précommande.

L'efficacité du modèle de précommande est particulièrement prononcée pour les marques de luxe et les détaillants qui s'adressent à des consommateurs prêts à attendre des produits exclusifs. Il est intéressant de noter que le modèle de précommande a des échos historiques, ressemblant à une approche de fabrication sur commande qui prévalait avant l'introduction du prêt-à-porter au XIXe siècle. Malgré les processus de fabrication contemporains, les marques qui utilisent les précommandes peuvent ainsi garder le contrôle de la production et privilégier la qualité à la quantité.

Le luxe et ses e-commerces déjà séduits

Depuis 2021, la plateforme de e-commerce de luxe Farfetch s'est engagée sur la voie de la durabilité avec son service de pré-commande. Cette initiative vise à réduire les déchets de mode en ne produisant que ce qui a été vendu. Au départ, dix marques, dont Nanushka, Balenciaga, Khaite, Off-White, Palm Angels, Dolce and Gabbana, Casablanca, Nicholas Kirkwood et Oscar de la Renta, sont proposées chaque mois et expédiées environ quatre semaines après l'achat.

Lauren Santo Domingo, fondatrice de Moda Operandi, pionnière dans le domaine des pré-commandes de luxe, considère ce modèle de vente au détail comme un élément essentiel d'un système plus durable. « Avec la précommande, un look n'est produit que lorsque la demande est avérée », faisait-elle remarquer en 2022 au Harper’s Bazaar américain. « C'est l'un des moyens les plus conscients d'exploiter les nouveautés de la mode - et si tout le monde achetait de cette manière, il y aurait beaucoup moins de déchets dans le cycle de la mode. »

Le modèle de précommande répond au désir d'exclusivité des consommateurs tout en remettant en question la culture de la gratification instantanée. En adoptant les précommandes, les marques et les consommateurs peuvent contribuer activement à une industrie de la mode plus durable et plus responsable, en conciliant viabilité économique et conscience environnementale.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : DragonImages

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