# Économie

Pourquoi tire-t-on encore la chasse avec de l’eau potable ?

Publié le 1 août 2025 à 10h09

Main qui actionne le bouton de la chasse d'eau
Main qui actionne le bouton de la chasse d'eau

Alors qu’on nous répète d’éteindre le robinet en se brossant les dents, on continue de tirer la chasse avec de l’eau qu’on pourrait boire. Absurde ? Pas qu’un peu.

C’est un geste automatique, quasi invisible. On appuie sur un bouton, ça fait « flooosh », et basta. Sauf qu’à chaque passage, ce sont en moyenne 9 litres d’eau potable qui partent littéralement aux égouts. Multipliez par 4 passages par jour, 67 millions de Français, 365 jours… et vous obtenez un paradoxe hydrologique à l’échelle nationale. 

L’or bleu dans la cuvette

La chasse d’eau n’est pas un gadget moderne. Elle a été brevetée en Angleterre au XVIIIe siècle et s’est répandue en France avec le développement des réseaux d’eau et d’assainissement au XIXe siècle. L’idée ? Améliorer l’hygiène urbaine et réduire les maladies. Objectif atteint à l’époque.
Mais aujourd’hui, on s’aperçoit que ce système a aussi un coût écologique. Et si l’on se doute bien que c’est l’histoire d’un gâchis, mais à quel point ? Selon l’Observatoire des services d’eau et d’assainissement, les WC représentent 20 % de notre consommation domestique. Soit environ 30 litres d’eau potable par personne, par jour, juste pour… évacuer nos déchets corporels. Et ce n’est pas n’importe quelle eau : c’est de l’eau traitée, purifiée, rendue potable avec soin, sous pression, conforme aux normes sanitaires les plus strictes. La même que celle qu’on boit. À ce rythme là, autant laver sa vaisselle au champagne.

Des alternatives qui existent (mais peinent à s’imposer)

Alors, que faire ? Voici un petit tour d’horizon des pistes existantes :

  • Toilettes à double débit ou chasse réduite : on commence simple : opter pour une chasse à deux boutons (3 ou 6 litres). Ou poser une bouteille pleine dans le réservoir, c’est déjà pas mal.
  • Récupérer les eaux grises : récupérer l’eau de la douche ou du lavabo pour alimenter les WC, c’est techniquement possible — surtout dans les maisons. Il existe des systèmes simples (cuve + pompe) ou plus sophistiqués (micro-stations), mais ils restent rares en France. En cause : un double réseau coûteux à installer, une réglementation floue, et des freins en copropriété. Pourtant, ailleurs, ça se fait.
  • Utiliser l’eau de pluie : c’est autorisé, à condition que la toiture soit inaccessible, et qu’il n’y ait aucune connexion avec le réseau potable (c’est la loi). Mais les crèches, écoles, hôpitaux ou maisons de retraite n’y ont pas droit. Bref, pas simple.
  • Les toilettes sèches : celle-ci, c’est la solution la plus radicale. Pas une goutte d’eau. On remplace l’eau par des copeaux de bois, et in fine, tout est composté. Près de 10 000 logements français seraient déjà équipés selon un rapport de 2023. Le trône ne change pas, juste ce qu’il y a dessous.

Certes, rénover nos WC est moins sexy comme geste que de réduire la consommation de viande ou d’éviter l’avion. Mais ça reste une question qu’il faut se poser ! Disons que tirer la chasse avec de l’eau potable, c’est comme brûler un billet de 20 € pour allumer un barbecue. Ça marche. Mais à force, ça fait cher la grillade.

Auteur : Marin TDM 

Crédit Photo : Panuwat Dangsungnoen/iStock

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