Un jour, Julien Paque, fondateur de TchaoMegot, une jeune pousse basée dans la région de Beauvais dans l’Oise, tombe sur un mégot éventré au sol. En plein travaux de rénovation à l’époque, la matière laineuse du déchet lui rappelle celle des isolants thermiques qu’il est en train de poser. Ce n’était peut-être qu’un détail, mais cela fait cogiter celui qui était à l’époque étudiant en école d’ingénieur : pourquoi ne pas réutiliser cette matière une fois dépolluée et traitée, pour remplacer par exemple la laine de verre comme matériau isolant ?

Recyclage et revalorisation : une filière basée sur la circularité

C’est ainsi que TchaoMegot est née. Tout d’abord développée dans le cadre d’un projet de fin d’études, elle est devenue il y a deux ans, grâce à des levées de fonds, une entreprise qui emploie désormais près de dix-sept personnes. Le principe est simple : alors que les mégots de cigarettes mettent en moyenne douze ans pour se décomposer, l’entreprise vend des solutions de collecte principalement aux entreprises et collectivités comme des bornes ou des sacs de collecte. L’idée est de sensibiliser à l’aide de ces outils tout en finançant le transporteur qui achemine les collectes de mégots sur leur site à Bresles pour le procédé de dépollution et de transformation en fibre isolante. 

D’ordinaire, les mégots récoltés sont incinérés, faute d’une meilleure solution de recyclage. Mais avec la formule imaginée par Paque et ses équipes, cela pourrait bien changer. En effet, leur solution de dépollution est complètement verte, puisqu’elle se réalise sans eau ni solvant toxique, une première mondiale ! Cela permet d’extraire 84,7% de fibres, rendues propres et non toxiques et 15% de matières biodégradables et compostables. Le 0,3% de substances toxiques restant est envoyé dans un laboratoire spécialisé pour être valorisé. Ainsi aucune ressource n’est inexploitée et aucun déchet n’est produit.  

Sensibiliser aux déchets sauvages et au tabagisme

Si l’entreprise dépend des mégots de cigarette, il est hors de question d’en cautionner la consommation. C’est pour ça qu’un axe de sensibilisation a été développé pour les partenaires qui le souhaitent. Le but est qu'il y ait le moins de mégots possible qui soit jetés par terre et dans la nature. 

Contactée, TchaoMegot confie « qu'il y aura toujours ce problème de mégots au sol. Il faut au moins essayer de le réduire avec des solutions durables. Cela passe par la communication et le traitement de ces déchets. Et si, quand bien même il y avait plus de mégots à collecter et à traiter, il y a malheureusement encore beaucoup d'autres déchets à traiter. ». 

En tout cas l’idée séduit, puisque TchaoMegot est sollicitée sur l’ensemble du territoire français et en Belgique notamment. Depuis sa création, près de 8 tonnes de mégots ont été collectés, soit l’équivalent de 32 000 000 de mégots. Ce serait 6 400 piscines olympiques en termes de quantité d’eau préservée de la pollution de ce déchet. Et la suite ? Une agence par région serait l’idéal pour agir plus efficacement au niveau local. Avec un tel succès, TchaoMegot ne compte pas se laisser écraser.

Autrice : Carla P

Crédit Photo : TchaoMégot