# Économie

Une caisse alimentaire commune réinvente l’accès au bien manger

Publié le 18 décembre 2023 à 23h00

Bénévoles récupérant des fruits et des légumes frais et autres denrées alimentaires
Bénévoles récupérant des fruits et des légumes frais et autres denrées alimentaires

À Montpellier, c’est comme une démocratie alimentaire qui prend forme. Les citoyens s'activent pour la mise en place d'une caisse alimentaire commune qui tente de réinventer l'accès à une nourriture plus durable, responsable et surtout collective.

La situation de précarité alimentaire ne cesse d’augmenter, cela en grande partie à cause de l’inflation qui engendre la hausse des prix des produits alimentaires. Les Restos du Cœur ont annoncé en septembre dernier ne pas être en mesure de pouvoir donner à toutes les personnes dans le besoin. Face à cette triste réalité, des communes se mobilisent pour un meilleur accès à l’alimentation.

Vers une sécurité nourricière

C’est le cas de Montpellier, qui a instauré en octobre 2022 un projet de « caisse alimentaire commune » financé par divers acteurs publics et privés mais aussi par les adhérents. En effet, qu’il s’agisse d’un euro symbolique ou d’une participation de 200 euros, chaque membre cotise à hauteur de ses moyens. En échange de leur contribution, ils et elles reçoivent l’équivalent de 100 euros en MonA, la monnaie locale créée pour l’expérience, à dépenser chez les producteurs près de chez eux ou dans les magasins et coopératives sélectionnés par le comité citoyen.

Avec ce système, les différents Territoires à VivreS de France – Montpellier, Lyon, Marseille et Toulouse – travaillent sur l’idée d’une sécurité sociale de l’alimentation. Partant du principe que s’alimenter est un droit, ce groupe espère ajouter l’alimentation au régime général de la sécurité sociale pour permettre à tout le monde de disposer chaque mois d’un budget alimentaire garanti. 

Des mets de qualité

Pour garantir un accès à de la nourriture saine, Territoires à VivreS Montpellier fait appel à différents acteurs agroalimentaires, car c’est en partie grâce aux agriculteurs que ce projet est né. Redonner du sens à leur métier a été le point de départ de leur participation au projet. En produisant une alimentation de qualité qui respecte l'environnement à la fois lors de la production puis à la vente des produits, un cercle vertueux se crée et permet même aux moins chanceux de pouvoir bénéficier d'une nourriture saine et dont la provenance est certifiée.

Pour cela, Territoires à VivreS Montpellier peut compter sur le soutien de partenaires nationaux tels que VRAC, une association qui favorise l’accès à un mode de consommation durable et responsable, le réseau Civam (Centre d'initiative pour valoriser l'agriculture et le milieu rural) et le Secours catholique. Mais aussi des partenaires locaux comme La Cagette, un supermarché coopératif montpelliérain et L’esperluette, un café-cuisine-épicerie solidaire et durable.

Une démocratie alimentaire

Mais alors comment s’organise une telle initiative ? Comme les membres l’assurent, il s’agit d’une réelle démocratie alimentaire où chacun et chacune est encouragé à s’exprimer sur ses difficultés et ses convictions. Ensemble, ils recensent les problèmes qui peuvent être rencontrés par les personnes en difficulté et, avec un comité scientifique qui apportent des notions plus générales, élaborent ensemble des solutions pour construire le système qui leur convient. Ainsi, il s’agit d’une initiative personnalisée par les membres mais dont le modèle peut être transposé à d’autres communes ou collectivités.

Car l’ambition de Territoires à VivreS France est de trouver un système unique, en marge du système caritatif. En effet, l’un des principaux freins au recours à l’aide alimentaire est la honte ou la gêne, c’est donc ce sur quoi veut agir le collectif citoyen montpelliérain, que cette honte se dégage quelque peu par l’aspect contributif.

Ailleurs en France, d’autres villes s’activent pour faire naître ce même genre d’expérimentation territoriale visant à rendre plus digne l’accès à une alimentation de qualité. C’est notamment le cas de Toulouse, Lyon et Marseille.

Autrice : Flavie R

Crédit Photo : hxyume

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