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La folle histoire de la lampe Pixar
Publié le 22 septembre 2025 à 07h45

Elle bondit, elle écrase le « i »… et elle est devenue le logo le plus célèbre du cinéma d’animation. Mais avant d’être une star mondiale, Luxo Jr. n’était qu’une simple lampe de bureau.
Derrière le logo que tout le monde connaît, se cache un objet bien réel : une lampe norvégienne des années 1930. Mais comment est elle passée d’une table de bureau au grand écran ? Comme souvent, les légendes commencent par un détail. Petit récap.
La star des bureaux
En 1937, l’ingénieur norvégien Jac Jacobsen invente la Luxo L-1, une lampe de bureau équipée d’un bras articulé à ressorts. Son principe ? La lampe tient en équilibre quelle que soit la position. On peut la tourner, l’allonger, la replier, elle reste parfaitement stable. Pour l’époque, c’est une petite révolution du design industriel, qui combine ingéniosité mécanique et élégance minimaliste. Peu à peu, la Luxo L-1 envahit les ateliers d’ingénieurs, les bureaux d’architectes, les tables à dessin. Dans le sillage du modernisme scandinave, elle incarne une nouvelle philosophie : un objet doit être à la fois beau et utile, simple et efficace, comme la chaise d’Arne Jacobsen ou les verres Iittala.
Très vite, elle se répand au-delà des pays nordiques. On la retrouve dans les agences de pub new-yorkaises, dans les studios de design italiens. La lampe devient un outil universel, plébiscité pour sa précision et sa robustesse. Si bien qu’aujourd’hui encore, la Luxo L-1 originale fait partie des collections permanentes du MoMA à New York, reconnue comme un jalon incontournable de l’histoire du design du XXᵉ siècle. Bref, avant d’être animée, Luxo avait déjà une carrière de star… du mobilier.
L’étincelle Pixar, ou la naissance de « Luxo Jr »
Un demi-siècle plus tard, au milieu des années 1980, une Luxo L-1 trône sur le bureau d’un certain John Lasseter. Ce dernier, cofondateur de Pixar, cherche à tester la puissance naissante de l’animation par ordinateur. Plutôt que de modéliser un personnage humain ou un animal, il choisit l’objet qu’il a sous les yeux : sa lampe articulée. Ce qui devait être un simple exercice technique devient vite une révélation. Lasseter remarque qu’avec ses ressorts, son abat-jour orientable et son mouvement bondissant, la lampe a déjà une forme d’expressivité. Il imagine une personnalité, puis un scénario : une petite lampe espiègle aux côtés d’une grande, qui joue avec un ballon. En quelques semaines, il crée un court-métrage, Luxo Jr.
Présenté en 1986 au festival Siggraph, haut lieu de la culture geek et scientifique, le film fait l’effet d’une déflagration. Pour la première fois, un objet du quotidien semble vivre. Sans yeux, sans bouche, sans bras, juste grâce à la précision de ses mouvements. Le public est bluffé, la critique conquise. Luxo Jr. décroche une nomination aux Oscars et propulse Pixar dans les hautes sphères de l’animation mondiale.
Depuis, Luxo Jr. n’a jamais quitté la scène. On la retrouve au générique de tous les films du studio d’animation. Chaque bond de lampe, chaque écrasement du « i » dans « Pixar », rappelle ce qui fait l’ADN du studio : transformer la technologie en émotion, l’ordinaire en extraordinaire. Et ce n’est pas un hasard si la Luxo est devenue un objet culte au même titre que les jouets de Toy Story ou la voiture de Cars : elle incarne à elle seule la promesse que tout objet, même le plus banal, peut devenir un personnage à part entière.
Auteur : Marin TDM
Crédit photo : Toby Brett / LEGO ideas